Cet article est un article sérieux et préventif. D’abord, je n’ai plus d’inspiration, et d’autre part c’est bien de rigoler, comme dit ma mère, mais il y a un temps pour rigoler et un temps pour arrêter de rigoler. Sur ce coup-là, il est important que vous me fassiez confiance et que vous fassiez exactement ce que je dis et non ce que je fais.
(Notez quand même qu’en règle générale, il est très largement préférable pour votre santé morale et physique de ne faire ni ce que je dis, ni que ce je fais.)
Cet unique conseil est l’exception, suivez-le vous me remercierez : quelles que soient les circonstances, quelle que soit la pression sociale exercée sur vous, quel que soit votre état d’ébriété ou votre niveau de dépression, n’acceptez jamais dans un moment d’enthousiasme stupide et irréfléchi de regarder, le jour de la Saint-Valentin (ou n’importe quel autre jour de l’année, d’ailleurs) cette daube intergalactique qu’est le film Valentine’s Day.
Cas ayant fait jurisprudence :
C’était en 2010, l’année où j’avais eu cette idée brillante d’aller étudier aux Etats-unis, soit l’année où je m’imaginais telle Carrie Bradshaw arpentant les rues de Manhattan perchée sur mes Manolo Blahnik en mode Sex and the City et où je me suis retrouvée à Ithaca, NY, arpentant les rayons du Wall Mart, Moon Boots aux pieds en mode No Sex and No City.
En bref :
Le 14 février 2010, à Ithaca, NY la température était de -22 °C (-300°C ressentis), j’étais célibataire et ce pour plusieurs raisons:
1. Il y avait environ 17 habitants dans mon village.
2. J’avais fait une croix définitive sur l’amour pour au moins trois semaines pour cause de coeur pété en deux (c’était la fois où j’avais eu l’idée brillante de rayer le critère "célibataire" dans ma liste des qualités non négociables du futur homme de ma vie*)
3. J’avais adopté un nouveau style vestimentaire (celui de l’abominable homme des neiges) pour lequel la gent masculine s’est révélée peu enthousiaste.
Ravie de mon célibat, je vaquais à mes occupations d’alors, qui consistaient principalement à engloutir un nombre incalculable de bacon-cheeseburgers et à avaler des strawberry margaritas au mexicain du coin, quand je réalisai que nous étions le 14 février, jour de la Saint-Valentin et que je n’en étais nullement affectée. J’indiquai alors dans un anglais approximatif à Ning, le patron du restau mexicain, que la Saint-Valentin n’étant qu’une fête commerciale et stupide qui n’importe qu’aux filles désespérées et immatures, soit précisément tout le contraire de moi, je m’apprêtai à passer la meilleure soirée de ma vie avec mon seul véritable amour : moi-même, loin des viles préoccupations d’une société de consommation superficielle, obsédée par l’étalage d’un amour dégoulinant qui ne sert en réalité qu’à masquer les insécurités des gens sans personnalité (vous l’aurez compris, à Ithaca, NY, les strawberry margaritas se vendent par pichet).
Toute personne célibataire rationnelle et sensée aurait très clairement passé la soirée du 14 février 2010 à descendre une bouteille de vodka en écoutant AC/DC à fond, tout en contemplant d’un air rêveur le feu de joie créé par la combustion des photos de ses ex dans l’évier, mais prise d’un besoin de culture intense, je renonçai à ce programme sain et décidai bêtement d’aller au cinéma.
Je vous l’ai dit et je vous le répète. Sérieusement. Ne regardez jamais Valentine’s Day. Il serait tout aussi efficace et plus rapide d’aller directement acheter une corde et un seau d’arsenic. Ce film est dangereusement déprimant, pas parce que c’est totalement ridicule et chiant à mourir (ça l’est), mais parce que c’est tout simplement tragique. Pourquoi ? C’est très simple : dans Valentine’s Day, Patrick Dempsey joue le méchant et Bradley Cooper est gay.
Quel espoir nous reste-t-il après ça ?
Aucun.
* La fameuse liste des qualités non négociables du futur homme de ma vie (LQNNFHV) fera bien évidemment l’objet d’un autre article de recherche scientifique comparable à celui-ci.