J’ai aujourd’hui 22 ans et tout a commencé l’été de mes 16 ans. C’était un soir d’août, je mourrais d’ennui et j’ai cédé à la pression : une amie me tannait depuis des mois, elle voulait absolument que j’écoute de la musique allemande mais ça sonnait bien trop faux à mes oreilles. Cette langue horrible, incompréhensible, inimaginable musicalement, etc. Mais j’ai cédé, je lui ai demandé de m’envoyer un de leur titre et c’est comme ça que tout à commencé. Une chanson, deux, trois, dix et me voilà séduite par la langue de Goethe ! Ma mère a tout de même fini par me demander, d’un air perplexe, si c’était bien de l’allemand que j’écoutais et je lui ai répondu fièrement que oui et que je trouvais ça démentiel.
Non, je n’exagère pas ! Ca sonnait tellement bien, c’était tellement différent, nouveau, envoûtant, je n’arrivais plus à m’arrêter. Je ne savais pas du tout qui ils étaient, d’où ils venaient exactement, mais je savais que c’était bon. Ce que je ne savais pas non plus, c’est que j’allais devenir éperdument amoureuse d’eux, que j’allais devenir une de leurs plus grandes fans et que j’allais aller les voir non plus une fois mais six fois en concert à travers l’Allemagne, la Belgique et la France.
Mes recherches ont commencé : qui étaient-ils ? A quoi ressemblaient-ils ? Quel âge avaient-ils ? Une vraie chasse à l’homme virtuelle. Ma chambre s’est doucement remplie de posters, on ne voyait plus la couleur des murs. Un drapeau était même accroché à mon plafond, juste au dessus de mon lit. Me réveiller en les voyant me donnait tout simplement la pêche. Je ne pouvais plus vivre sans eux, ils me rendaient heureuse, ils m’emplissaient de rêve et d’amour et plus rien d’autre ne comptait. Mon objectif principal était de les voir en concert peu importe où, quand et comment, je devais les voir, un point c’est tout ! Et je crois que mes prières ont été entendues car mon amie m’a proposé d’aller les voir en Allemagne, j’en ai presque pleuré de joie quand mes parents m’ont donné leur accord. Je n’avais que 16 ans et je passais la frontière pour aller voir quatre jeunes allemands sur scène. C’était tellement fou, tellement inattendu ! Et quelques semaines après ce concert, ils annonçaient leurs dates en Belgique, en France, et partout en Europe. Je me vois encore courir à travers la maison en hurlant leur passage sur la scène belge, je pleurais de joie, j’allais enfin les revoir et je décomptais déjà les jours sans même avoir mon ticket d’entrée. Je savais que quoiqu’il en soit, je l’aurais et ce peu importe le prix et l’heure à laquelle je devais me lever pour être sur le site internet. La folie m’avait envahie et ce jusqu’à la moelle. Je dormais, je mangeais, je buvais, je parlais, je vivais Tokio Hotel. Les draps de lits, les vêtements, les CD, les DVD, même les magazines qui parlaient d’eux, je les avais !
Je les ai toujours d’ailleurs, à la seule différence que je ne porte plus les vêtements à leur effigie et que je ne revêt plus mon lit des draps. Si je pouvais, je le ferais encore mais ma mère ne les aime pas car ils sont noirs et on voit trop les poils de mon adorable chat...
Cela dit, être fan n’est pas toujours facile à vivre. Les critiques à leur égard m’irritaient mais ne me touchaient pas. Je les aimais, c’était le principal. Le plus dur à vivre étaient les jours suivants les concerts auxquels j’assistais. Devoir attendre des mois entiers pour les voir un peu plus d’une heure sur scène se révélait synonyme de déprime. Je me retrouvais les soirs suivants face à eux mais sur papier cette fois-ci, et je laissais parfois les larmes m’envahir. Parlant de larmes, j’ai une petite anecdote qui me fait sourire à l’heure actuelle. Des larmes, j’en ai versées par millier l’été de mes 17 ans. Après avoir commencé leur tournée en Belgique, ils la clôturaient en Belgique ! Ticket en poche, j’étais prête à les voir pour la première fois en festival sauf qu’à trois semaines du concert, j’ai appris que j’avais raté mon année scolaire,… et c’est là que mon père a prononcé ces mots critiques : "Tu n’iras pas voir Tokio Hotel, tu peux revendre ta place.". Mon monde s’est écroulé, j’ai probablement du croire que ma vie était terminée et même si j’ai inventé toutes les excuses possibles bercées de sanglots, mon père restait ferme. C’est précisément cet été que j’ai réalisé qu’une personne pouvait pleurer autant. Je n’avais pas revendu ma place, je comptais y aller coûte que coûte mais je continuais de verser mes larmes car je ne savais pas quel plan manigancer pour partir de chez moi. Les trois jours précédents le festival, je les ai passé dans mon lit à pleurer au lieu de profiter su soleil avec mes amis. Je me souviens que ma mère était venue me rejoindre pour pleurer avec moi car elle réalisait le mal que ça me faisait. Avec du recul, j’en rigole. Mais grâce à ce chagrin, aussi réel qu’il soit, mon père a cédé et est venu me trouver l’avant-veille en m’ordonnant de préparer mon sac, il me conduisait chez une amie le lendemain pour voir Tokio Hotel. J’ai probablement du lui sauter au cou et le remercier mille et une fois. Il prétextait mon anniversaire proche mais je savais qu’il m’autorisait ce concert car il ne supportait pas me voir dans un tel état. Et même si j’étais à bout de force, le jour J, j’arrivais sur les lieux à 5h30 du matin pour être certaine de ne rien manquer !
Et oui, être fan, c’est une aventure humaine, ce sont des sentiments décuplés, des rêves, des espoirs, des souvenirs, etc. Aujourd’hui encore, je dois avouer que je les aime toujours autant. J’attends leur nouvel album avec impatience, j’espère les revoir sur scène plusieurs fois et mon but ultime est de réaliser mon rêve en les rencontrant. Je ne cesse de m’imaginer ce jour et je garde espoir quant au fait qu’il arrivera tôt ou tard.