Laurent Joffrin (ou plutôt son éditeur) est un escroc : tous les dix ans à la même époque, il nous ressort, désormais en poche, le même livre à la virgule près, mais en rajoutant une préface (cette année très fortement teintée d'anti-sarkozysme) et en modifiant le titre (L'historie des événements est devenu L'histoire du mouvement) et la photo de couv. Mais ce mercantile coup marketing à la petite semaine ne doit pas masquer l'essentiel : il s'agit bel et bien de l'un des meilleurs ouvrages d'introduction à Mai 68 qu'il raconte par le détail, et avec une certaine objectivité, jour par jour, en mélangeant habilement petites et grande histoire, faits factuels et analyses plus profondes. Il sera ensuite bien temps de se plonger dans la pléthore d’ouvrages d’analyse idéologico-capillotractée…
Bref en ces temps de pseudo-liquidation de l'esprit de 68, il représente un rappel indispensable pour se souvenir par exemple du rôle plus que trouble du PCF et de son bras armé la CGT, principal soutient du pouvoir gaulliste contre la chienlit étudiante et pour la reprise du travail dans les usines. Eh oui, le PCF préférait la droite aux gauchistes au point de vouer une haine sans borne au "juif allemand", Daniel Cohn-Bendit et jamais la CGT, contrairement au mythe qu'elle a depuis essayé de créé, n'a appelé à la grève générale…
Mais aussi et surtout pour se souvenir qu’un pouvoir conservateur même hautement déconsidéré (ça ne vous rappelle rien ni personne ???), peut toujours compter sur le parti de la peur (la fameuse "France d’en bas" de droite…), même si cela doit par exemple de se traduire par une loi d’amnistie pour les anciens de l’OAS, pour le conforter dès lors que le gouvernement joue le pourrissement… bien aidé par les dérapages de la nuit du 24 mai.