"On était bien tranquillement installés chez nous, les deux la Malou, au soir de ce 27 avril 1969. On écoutait les résultats du référendum que de Gaulle avait organisé ce jour-là... Nous, comme gendarmes, on fait pas de politique, mais comme il avait dit qu'i' démissionnerait si le non l'emportait, il fallait bien que je me tienne au courant pour savoir qui c'est qui nous commanderait le lundi matin !... I'faisait un peu cru, ce soir-là dans la caserne, je me rappelle. On avait même allumé une petite frelée dans le poêle. C'est au moment où la Malou me servait une bonne tisane de tilleul que le téléphonne a sonné.
C'est le lieutenant Morel, mon chef quoi !
"Y a un problème, Marigny... Aux Fuvelles, la famille Marceau est aux cent coups: le père, Louis Marceau, n'a pas reparu depuis le milieu de la matinée. Même pas ce soir pour arranger les bêtes..."
Éditions GUY-LOUIS ANGUENOT
Marigny, l'homme à la pipe aux volutes bleues vanillées, enquête chez nos gens parfois haut en couleurs et à la langue bien pendue, ce qui nous vaut au-delà du suspens que l'auteur sait si bien ménager, quelques morceaux d'anthologie rurale comme le retour d'enterrement dans la voiture du Raymond Côte-Richard, en compagnie de la Madelaine Côte-Perrot !
Au fil du récit, Guy-Louis Anguenot ressuscite en effet, avec réalisme et tendresse tout à la fois, nos ruraux d'antant, leur manière de vivre, de voir le monde, leur malice et leur naïveté... Nos mots aussi. Cette langue comtoise qui a bercé nos enfances et qui se meurt lentement...
Un régal !
Une plume pleine d'humour !