Mercredi soir, dans le cadre du congrès et salon «Espace public» qui se tenait au Heyzel, le projet temporaire «Walking Madou» a reçu le prix de l’espace public bruxellois. C’est Dag Boutsen, professeur à Sint Lukas et membre du Jury qui a remis la récompense à Christophe Mercier (Suède 36), architecte coordinateur du projet. Celui-ci a dédié le prix au bourgmestre de Saint-Josse, avec l’espoir que cette reconnaissance puisse le faire changer d’avis. Le collège a, en effet, fait pression sur la Région bruxelloise pour enterrer le projet définitif de piétonnisation. Depuis, les voitures s’entassent à nouveau sur la chaussée dans un embouteillage permanent.
«Walking Madou» est un projet monté dans l’urgence, en quelques semaines. Une installation temporaire avec des voitures de la casse peintes en jaune et plantées d’arbustes, des manchons à air dans le vent de la tour Madou, des éléments fitness de rue, des bacs à plantes, des forêts de potelets, des chaises de récup’ rivées au sol, le tout enrobé de couleur jaune… Le concept général du projet a été imaginé par Suède 36 qui a coordonné un réseau créatif: les designers de BLINK!, le service communication de la commune et de la Stib, le service culture, les designers du point info (Mathieu Gabiot et Martin Lévêque), les services communaux impliqués dans la mise en place.
Les auteurs de projet ne s’en cachent pas, c’est l’expérience New-yorkaise de Jan Gehl qui les a inspirés. Comme l’a fait le Danois entre Broadway et Central Park, la chaussée commerçante a complètement changé de visage pour quelques mois, s’ouvrant à la vie. Il a fallu à peine un mois et demi entre la décision de mettre en place l’installation et l’inauguration. Et le budget est dérisoire en regard du changement radical qu’a apporté l’évènement. Pendant des mois, l’espace a été le théâtre d’évènements organisés et spontanés. Des rappeurs, des skateurs, des publicistes, des touristes, un enterrement de vie de jeune fille ont utilisé le théâtre jaune de la place Madou comme décor. Il y a eu du cinéma en plein air, des concerts, des danseurs, des parties de football quotidiennes entre enfants. Les commerçants ont réinvesti l’espace: les terrasses se sont ouvertes en nombre, les tringles à vêtements ont été sorties sur le trottoir. La vie urbaine y avait repris ses droits pendant un an.
Mister Emma était parti à la découverte de cette initiative originale :
Le prix arrive au moment où Bruxelles ville affirme avec force son intention de piétonniser ses rues commerçantes dont le boulevard central. Molenbeek est en train de vider les voitures de la place communale et la place de la Duchesse. Saint-Gilles profite pleinement de son parvis piéton plus animé que jamais.