Binge drinking, tabac, cannabis et polyconsommation, cette expertise collective de l’Inserm, menée dans le contexte de l’élaboration du Plan gouvernemental de lutte contre les drogues, décrit le processus crescendo du comportement additif chez les jeunes, de l’expérimentation à l’addiction. Une expérimentation qui intervient en pleine fenêtre de vulnérabilité, alors que le cerveau est encore en développement. Une première expérimentation qui peut suffire à tomber dans la dépendance. Le message est clair, de l’expérimentation à l’addiction, il n’y a qu’un faux pas. La meilleure prévention est donc celle qui cherche à éviter la première expérimentation.
Principaux chiffres :
En 2011, à la fin de l’adolescence, 91 % des garçons et des filles ont expérimenté l’alcool, 58 % à l’âge de 11 ans et 59% des ados ont déjà connu l’ivresse. Plus de 2 jeunes sur 3 âgés de 17 ans ont déjà fumé, 30 % des filles et 33 % des garçons sont déjà des fumeurs quotidiens. 4 adolescents sur 10 ont déjà testé le cannabis et tout autant ont déjà pris un psychotrope. 1 sur 3 consomme des boissons énergisantes, fréquemment avec de l’alcool ou parfois sous forme de premix.
2 % des jeunes sont polyconsommateurs réguliers de tabac, alcool et cannabis. 3 à 5 % des adolescents de 17 ans font un usage excessif de l’Internet, 5 % jouent aux jeux vidéo entre 5 et 10 heures par jour.
En France, les niveaux de consommation des substances psychoactives et de pratique de conduites addictives demeurent élevés chez les adolescents, en dépit des efforts de prévention et de la réglementation. Certaines évolutions sont plus préoccupantes comme la montée du binge drinking.
C’est en pleine période de vulnérabilité qu’intervient l’initiation aux substances psychoactives, une période où la première expérience peut influencer l’évolution de la consommation, jusqu’à la dépendance. Le cerveau de l’adolescent, en développement jusqu’à l’âge de 25 ans, est plus vulnérable et le cortex préfrontal, qui jour un rôle clé dans la prise de décision, l’adaptation est directement impacté.
· La consommation d’alcool et notamment l’intoxication massive, a des effets toxiques sur la neurogenèse et les fonctions cognitives et parfois des atteintes morphologiques et fonctionnelles. Lorsque consommé avec des boissons énergisantes, les conséquences sont encore plus sévères. Plus on boit jeune, plus on boit en excès.
· Les effets du tabagisme, pathologies respiratoires, cardiovasculaires, cancers, sont bien connus.
· Le cannabis a des effets de court terme, comme la baisse d’attention, l’augmentation du temps de réaction, une réduction de la mémoire de travail et une baisse des fonctions exécutives. A long terme, sa consommation régulière peut aller jusqu’à altérer les résultats scolaires, les relations interpersonnelles et favoriser la survenue de troubles psychiatriques…
· Quant aux jeux vidéo, s’ils peuvent avoir des aspects positifs, sur le développement des fonctions cognitives et spatiales par exemple, au-delà de quelques heures par jour, ils peuvent aussi favoriser les troubles du comportement, des problèmes scolaires, professionnels et financiers.
· Enfin, la pratique excessive des jeux en ligne s’avère associée à l’usage de substances psychoactives et à des troubles anxieux et du comportement.
Des remparts existent, au nombre desquels la cohésion familiale et la relation parents-enfants, plus largement l’entourage et les accompagnateurs, enseignants et animateurs des lieux de vie et d’activité des adolescents. Les proches sont les premiers à pouvoir prévenir l’initiation ou en retarder l’âge. Au-delà de ce premier cercle social, les experts rappellent l’importance du développement des compétences psychosociales des adolescents dans des activités de groupe, notamment en milieu scolaire, sportif ou de loisir. L’ensemble des acteurs en contact avec les adolescents peut et doit ainsi jouer un rôle essentiel dans la prévention de l’expérimentation.
Source: Inserm Expertise collective « Conduites addictives chez les adolescents «
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