Ces comptes qu’on joint

Publié le 07 février 2014 par Dodo44

De tous les comptes que l’on peut partager à deux, celui qu’on joint avec un partenaire amoureux est souvent à la fois le plus exaltant et le plus périlleux. Examinons les transactions coutumières de cette jonction qu’on appelle communément le couple.

Dans un esprit qui se veut universel, tenons pour acquis que notre définition inclut les combinaisons homme-femme, femme-femme et homme-homme. Bon. Poursuivons.

Au départ de cette aventure, chacun possède son compte personnel de valeurs, de croyances et de talents. Chacun étale fièrement ses actifs, oubliant un instant de mentionner ses passifs.

Un confort s’installe bientôt dans ce libre-échange affectueux, où chacun fait des dépôts et invite l’autre à faire des retraits. Comme si nul ne craignait que sa marge de crédibilité ne lui soit un jour retirée.

Ainsi circulent en liasses autant de billets doux entre les amants.

Puis, les êtres procèdent à une combinaison de leurs avoirs qu’ils espèrent gagnante. Chacun et son autre acceptent de s’investir à parts plus ou moins entières et unissent leurs destins pour créer un compte conjoint.

Tout bascule alors dans une fusion mutuelle d’espoirs et d’opinions. Ce nouveau compte d’amour à deux semble sans fond.

Évidemment, le naturel revendique ses droits. Petit à petit, chacun révèle sa véritable identité. Tandis que l’un surveille ses intérêts, l’autre s’intéresse au solde. Soudain, l’un broie du noir et l’autre voit rouge. Vous devinez la suite?

Ne pouvant plus tolérer les promesses sans provision et autres formes d’insolvabilité, le partenaire déçu à répétition retire sa marge de manœuvre et ferme le compte. C’est la disette d’affection pour le conjoint pris à découvert.

Bienvenue ou pas, la séparation permet certains bilans intéressants.

Comme le fait de réussir à se débrouiller par nous-mêmes, une fois rendus grands. C’est la preuve que nous sommes plus riches que nous le pensions. Nous parvenons même à actualiser nos potentialités et à nous aimer sans compter. Nous avons les moyens de créer notre réalité.

À mesure que nos comptes arrivent à maturité, nous les fusionnons pour former un seul compte d’amour. Ça va de soi… Et nous disons adieu à l’endettement à risque, puisque nous disposons désormais d’un crédit infini.