"Hystérie", le mot est donc "chargé", comme on dit. Et chargé des pires préjugés sexistes, ce qui ne devrait pas manquer d'"interpeller" Ludovine et ses amis. Car tant qu'à se faire insulter, autant que ce soit sur un registre de langage dont on est familier. Qualifier d'"hystérique" Ludovine de La Rochère (dont les riches ovaires rôdent sur la dune?), c'est, mine de rien, faire allégeance à son univers mental. Un univers où il est "naturel" et donc souhaitable que les petites filles jouent à la poupée, les petits garçons à la guerre, tout comme il est "naturel" qu'une fois devenus grands ils s'abstiennent de faire des cabrioles avant le mariage. Un univers où il est bien normal que les femmes "hystériques" aient naguère été envoyées au bûcher par notre Sainte Mère l'Eglise, ou plus tard trépanées, comme Frances Farmer, par quelque médecin inévitablement de sexe masculin.
On aurait voulu se dédouaner, par le langage, des accusations "d'imposer la théorie du genre", qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Pas toujours facile de trouver les bons mots mais, des fois, on y arrive, même sans le faire exprès.
Mais si on n'est pas membre du gouvernement et donc dispensé du "devoir d'apaiser" des gens qui de toute façon vous verraient volontiers pendus haut et court, on peut choisir des épithètes dénués de toute connotation sexiste pour qualifier le mouvement d'opinion "en faveur de la famille": manipulation ou bêtise, l'un n'excluant pas l'autre. Et clamer haut et fort que non, devenir ingénieur n'a rien à voir avec le fait de disposer de testicules, et que oui, ça s'appelle "réfléchir à la notion de genre", et qu'on vous emmerde, bande d'arriérés.
Car il ne faut rien leur lâcher, à ces crétins. Pas même les insultes qu'on leur adresse.
See you, guys.