Le Palais Caotorta Angaran est une demeure privée, sur le Grand Canal, voisine du palazzo Balbi, et dont l’entrée de terre est située Calle e Campiello del Remer, Dorsoduro 3903.
Ce palais appartenait en 1661 à Zambattista Benvenuti, qui le céda au comte Camillo Martinengo, d’une famille patricienne originaire de Brescia.
Pour la petite histoire, c’est le frère de ce Camillo Martinego, Lucillo Martinengo, prêtre bénédictin, qui a été soupçonné, en 1568, d’être un membre présumé de la secte de Giorgio Siculo. Mais comme Brescia dépendait de la République de Venise, le supposé hérétique ne pouvait être arrêté. L’affaire est alors remontée jusqu’à l’archevêque de Milan, saint Charles Borromée (1538-1584), qui a conçu diverses stratégies pour que la justice ecclésiastique puisse capturer le prêtre hérétique. Lucilo a été arrêté et jugé dans le couvent de San Procolo à Bologne, mais grâce à l’influence de sa famille et de "généreux dons", la condamnation à la prison à perpétuité devait être exécutée dans le couvent bénédictin de Cesena… dont les documents attestent qu’il en était déjà sorti en 1571.
Dans les archives de la Fondazione Querini Stampalia on retrouve plusieurs interventions du patricien Camillo Martinengo Cesaresco, et de son père, Cesare Martinengo lors des débats dans les conseils.
En 1712, le palais revint aux héritiers de Francesco Caotorta (époux de Anzola Benvenuti) et demeura dans cette famille jusqu’à la chute de la République. En 1808, il passa à Chiara Caotorta.
Les armes des Angaran figurent sur la façade et la maison est traditionnellement appelée par les vénitiens palazzo Angaran, nom d’une ancienne famille patricienne originaire d’une colonie romaine de Vicence. En 1655, Fabio Angaran déboursa 100 000 ducats d’argent de tribut à la guerre de Candie pour être agrégée à la noblesse de Venise. La famille est divisée en deux branches. Elle compta des sénateurs et des conseillers de quarantie dans ses rangs.
Ce palais du XVIIème siècle à été récemment restauré, remanié et surélevé. Il possède une façade à deux étages avec une serlienne à balcon.
Sources :
- Dizionario Storico-Portatile Di Tutte Le Venete Patrizie Famiglie, G. Bettinelli, Venezia, 1780.
- Nouvelle relation de la Ville et République de Venise, Casimir Freschot, Utrecht, 1709, éd. Guillaume Van Poolsum.
- Repertorio Genealogico delle Famiglie confermate nobili e dei titolati nobili esistenti nelle provincie Venete, Francesco Schröder, Venise, 1830, typografia Alvisopoli.
- Saggio sulla Storia Civile, Politica, Ecclesiastica e sulla Corografia e Topografia degli Stati della Reppublica di Venezia ad uso della Nobile e Civile Gioventù, Ab. D. Cristoforo Tentori Spagnuolo, Venise, Éd. Giacomo Storti, 1785.