La maîtresse de guerre de Gabriel Katz

Par Kllouche

Editions Scrineo - Paru le 16 janvier 2014 - 464 pages - 16,90€ - Pour l'acheter 
  • Résumé:
Fille de maître d'armes, Kaelyn rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres rêvent d'un beau mariage. Elle a le talent, l'instinct, la volonté. Elle ne demande qu'à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c'est un monde dur, un monde d'hommes, où la place d'une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter. Alors elle s'engage dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d'Azman, plaque tournante de l'esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n'a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l'invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes.
  • Mon avis :
La toute première chronique que j'ai lu au sujet de ce livre a été celle de Crunches (ICI). Elle n'avait pas du tout aimé. Mais ensuite, j'ai été particulièrement intriguée par l'avis dithyrambique de Lady K (ICI) qui n'a pas mâché ses mots pour exprimer son enthousiasme. Comment résister après ça? Quand Scrinéo l'a proposé en partenariat sur Livraddict, j'ai été obligée de participer. Et vu comme j'ai aimé, je ne peux que vous adressez un immense merci !
Je l'ai lu en une nuit (moins deux heures de sommeil) et trois heures de cours. Voilà le temps qu'il m'aura fallu pour achever ce roman qui ne m'a pas simplement beaucoup plu, il m'a captivé!
Ce n'est pas par sa complexité que ce roman se distingue. En effet, le style d'écriture bien qu'efficace est relativement simple; son univers n'a rien non plus de particulier: deux peuples qui se font la guerre en des temps reculés, ce n'est pas franchement révolutionnaire. Par contre, c'est le traitement proposé par l'auteur qui est original. L'héroïne se retrouve ballotée entre ces deux peuples. Née et élevée parmi les Rouges, elle est faite prisonnière lors de son premier combat contre l'ennemi. A partir de là, elle va se retrouver plusieurs fois confrontée à un choix: celui de revenir auprès de son peuple d'origine ou rester avec celui qui l'a adoptée. La question de la quête d'identité tient donc un rôle extrêmement important tout au long de l'histoire.
Le ton du roman est annoncé dès la première page. On aura droit à des combats, des batailles, l'héroïne sera une guerrière, mais surtout ce livre suivra les efforts de la demoiselle pour se faire accepter dans un milieu très largement masculin. Néanmoins, Kaelyn est très loin d'être un garçon manqué! Elle est aussi douée avec une épée que pour conquérir le cœur d'un homme. Et quel homme, mazette !
La maîtresse de guerrea un point fort qui fait toute la différence : Hadrian khan  , le maître de guerre qui prend Kaelyn sous son aile. Il est tout aussi bien capable de se comporter de façon passionnée, douce et brutale. Il m'a énormément fait penser à Khal Drogo du Trône de fer, en moins sauvage quand même. Je n'ai que très rarement été autant captivée par une relation, en l'occurrence celle qu'il entretient avec son élève. C'est bien simple, on sent une véritable évolution au fil des pages, et on ne peut pas lâcher le livre avant de découvrir où cela va les mener. Cette relation, c'est d'ailleurs ce qui construit l'intrigue de bout en bout. (Spoilers:) C'est Hadrian qui va changer le destin de Kaelyn en la sortant de ses cuisines, c'est aussi lui qui lui permet de réaliser son rêve en l'entraînant à la guerre, et c'est encore lui qui bouleverse sa vie en la préférant sentimentalement à sa femme (ce qui bien sûr, conduit à quelques petites jalousies, qui elles-mêmes engendrent des problèmes d'ordre politique, qui se transforment en problèmes militaires, bref, que de soucis pour nos héros !) (fin des spoilers)
Contrairement à ce que m'a laissé penser la couverture, ce roman n'est pas du tout de la fantaisie jeunesse. Je suis souvent déçue par ce genre quand il est destiné aux adolescents car pour moi, la fantaisie demande de la profondeur et un univers suffisamment riche et complexe pour qu'on puisse s'évader dedans. Je redoutais donc que ce roman soit trop léger et ne me captive pas. Or point du tout. Ce livre raconte bien une histoire pour adultes avec du contenu "mature".  Par là, j'entends que les personnages sont des adultes et qu'ils agissent donc en tant que tel, autant en ce qui concerne les relations romantiques que pour les décisions de guerre. Pas de chichis, c'est direct. De plus, l'univers est très bien détaillé, on en sait déjà beaucoup sur les différents peuples qui vivent dans ce monde, sur le fonctionnement de ces sociétés alors que le roman est assez court. En même temps, Gabriel Katz reste dans un univers assez classique, même s'il l'exploite très bien!
Pour en revenir à la couverture, je trouve que Miguel Coimbra a fait un travail incroyable pour représenter Kaelyn et la cité. Néanmoins, c'est bien cela qui m'a induite en erreur. Et c'est d'ailleurs exactement la même chose pour Le puits des mémoires. J'étais réticente à lire ce livre uniquement parce que j'ai du mal avec la fantaisie jeunesse alors que ça n'en est absolument pas!
En conclusion, si les univers de fantaisie avec une intrigue facile à lire ne vous rebutent pas, ce roman a de grandes chances de vous plaire. En effet, ce n'est pas par la profondeur de l'univers que vous serez marqué mais plutôt par la psychologie de nos deux héros, incroyablement attachants. J'ai personnellement complètement adhéré. J'ai d'ailleurs déjà relu plusieurs passages du roman qui m'ont vraiment plu et attaqué le tome 1 du puits des mémoires !

9/10