Depuis 2009-2010, le peuple grec subit une cure d'austérité sans précédent, imposée par la funeste Troïka néolibérale (FMI, BCE, Commission européenne) avec le concours de gouvernements dits d'union nationale allant du parti socialiste local à la droite en passant par l'extrême droite. Le 1er ministre Samaras espère que la troïka ou l'UE lui accordera une nouvelle "aide" qui devrait être assortie de nouvelles mesures d'austérité comme les précédentes.
Jusqu'à présent, ces gouvernements ont mené une politique de classe dont la principale conséquence économique est la récession avec un recul du PIB. Au plan social, le chômage est passé de 7% en 2009 à plus de 27 % de la population active en 2013. Tandis que le chômage des jeunes culmine à près de 60 % . Au plan sanitaire, les nouveaux cas d'infection par le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) ont augmenté de 57 %.
23 % de la population survit avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté : SYRIZA estime même que le pays traverse une crise alimentaire !
Outre les privatisations des trains, des ports, des principales entreprises, des aéroports et de la loterie nationale, 30.000 fonctionnaires furent licenciés, l’accès à l’hôpital public est devenu payant (il faut payer une franchise... tiens tiens Marisol...), le budget du ministère de la Santé a baissé de 23,7%, les pensions de retraites ont été réduites de 20 à 40 %, le code du travail a été laminé... Soit une vraie politique de l'offre avec de vrais chocs de compétitivité et de responsabilité, n'est-ce pas François Hollande ?
Pour mémoire, l'objectif officiel de cette cure d'austérité était la réduction de la dette publique du pays.
Or, la dette publique qui représentait près de 110 % du PIB en 2009, atteint près de 175 % du PIB en 2013. Autrement dit, toutes les souffrances endurées par le peuple grec n'auront servi à rien, hormis enrichir l'oligarchie nationale et internationale !
Malgré tout, la troïka et les forces politiques néo et socio-libérales persistent dans cette funeste voie, prédisant que le niveau d'endettement public de la Grèce se stabilisera autour de 120 % en 2020 : ces gens-là traitent le peuple grec comme un animal de laboratoire en espérant que le traitement de choc finira bien miraculeusement par avoir quelque effet positif !
Et pourtant, une autre politique est possible pour se débarrasser de la dette publique grecque.
Je dirais même que la seule politique qui permettra enfin d'en finir avec cette folie austéritaire devra s'inspirer des leçons de l'Histoire ancienne ou récente. Par exemple celle qui permet à l'Equateur de Correa de mener la révolution citoyenne au service du plus grand nombre, ou celle qui a permis à l'Allemagne de se relever après le nazisme : [1]
« Un épisode peu connu relativise un peu la situation actuelle. Car après la guerre, c'est une Allemagne à genoux qui demandait l'annulation d'une partie de sa dette pour mieux pouvoir financer sa reconstruction. »
« A l'époque l'endettement de la RFA représente 21% de son produit intérieur brut soit sept fois moins que ce que la Grèce doit supporter aujourd'hui. Mais par rapport à aujourd'hui, cette annulation partielle de la dette n'a pas été assortie d'une austérité budgétaire extrême. Au contraire, l'Allemagne a bénéficié dans les années cinquante de mesures favorisant sa croissance. »
D'ailleurs, SYRIZA demande la tenue d'une conférence européenne sur la dette, à l'instar de celle de Londres sur la dette allemande en 1953, pour prendre les mesures suivantes :[2]
«une réduction significative de la valeur nominative de sa dette publique cumulée ;»
«un moratoire sur le service de la dette, afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie ;»
«l’instauration d’une « clause de développement », afin que le remboursement de la dette ne tue pas dans l’œuf le redressement économique ;»
«la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays.»
Et Alexis Tsipras de souligner :
« Ces mesures devront s’adosser à des réformes visant à une plus juste répartition des richesses. En finir avec la crise implique en effet de rompre avec le passé qui a permis de l’engendrer : œuvrer à la justice sociale, à l’égalité des droits, à la transparence politique et fiscale, bref à la démocratie. Un tel projet ne pourra être mis en œuvre que par un parti indépendant de l’oligarchie financière, cette poignée de chefs d’entreprise qui ont pris l’Etat en otage, d’armateurs solidaires entre eux et — jusqu’en 2013 — exemptés d’impôt, de patrons de presse et de banquiers touche-à-tout (et en faillite) qui portent la responsabilité de la crise et s’efforcent de maintenir le statu quo.»
Plus le temps passe, plus j'ai le sentiment que le sort des peuples européens se joue en Grèce, parce que tant que la finance (ou l'oligarchie) et ces zélés serviteurs (coucou Hollande) continueront à imposer une aussi violente politique austéritaire de régression sociale au prétexte de réduire l'endettement public grec, les autres peuples européens accepteront de subir des politiques qui obéissent à la même logique, et ce pour les mêmes motifs.
Sauf que l'exemple grec pourrait bientôt se retourner contre ses initiateurs si Syriza prend le pouvoir. Si bien qu'après 30 ans de politiques néolibérales, nous sommes peut-être à la veille d'une révolution sociale en Europe...
Notes
[1] le blog de Pascal Thibaut : 1953 : Quand la Grèce annulait la dette de l'Allemagne
[2] Le Monde Diplomatique : « Notre solution pour l’Europe »