Encore une déception…

Par Borokoff

A propos de Mea Culpa de Fred Cavayé 

Vincent Lindon

A Toulon, Simon (Vincent Lindon), un ex-flic devenu convoyeur de fonds, ne parvient pas à reprendre pied dans la vie après un grave accident de voiture dont il était responsable, six ans plus tôt, et qui a coûté la vie à trois personnes dont un enfant. Traumatisé, très déprimé, Simon peut pourtant compter sur l’aide et le soutien indéfectibles de son ancien collègue et ami flic, Franck (Gilles Lellouche), avec qui il est resté très proche. Rien n’y fait pourtant ; Simon a le moral dans les chaussettes. Un jour, Théo, le fils que Simon a un peu abandonné, dans son errance et sa descente aux Enfers, mais sur lequel il veille à distance (ce dont est moins convaincue son ex-femme, jouée par Nadine Labaki, qui le lui reproche ouvertement), est témoin d’un assassinat lors d’une corrida. Poursuivi par une mafia de l’Est prête à tout pour faire disparaître un témoin gênant de 9 ans, Théo (Max Baissette de Malglaive) va alors assister à un regain de tension de son père. Un sursaut d’orgueil qui tombe à pic pour un Simon qui n’avait sans doute pas imaginé un  réveil aussi brutal de sa conscience. (Ré)animé par la colère (contre les mafieux, contre son ancien patron, contre lui-même), fouetté par les liens du sang, Simon va brusquement revenir à la vie, prêt à tout pour protéger son fils et en découdre avec les mafieux. Avec à ses côtés Franck, l’ami de toujours…

Dernier volet d’une trilogie initiée avec Pour elle (2008) et poursuivie par A bout portant (2010), Mea Culpa met du temps à démarrer et pour être honnête, déçoit dans l’ensemble.

Quelles sont les raisons de cette déception, alors que les acteurs sont irréprochables, en premier lieu Vincent Lindon, au regard toujours aussi humain, profond et émouvant ? Le premier problème de Mea Culpa, qui raconte, comme son titre l’indique, l’histoire d’une rédemption impossible pour un ancien flic au fond du trou, c’est qu’on ne sent justement pas cette rédemption.

Max Baissette de Malglaive

Simon est certes un être déprimé, mais sa quête de rédemption est absente, trop elliptique ou trop allusive dans le film. Simon est plutôt dans une impasse et un blocage psychologiques qu’autre chose. A bout portant souffrait un peu du même défaut et de ses lacunes en matière d’étude psychologique.

L’autre problème de Mea Culpa vient de sa lenteur, de son manque de rythme, de tension dans la mise en scène. Un défaut dont ne souffrait pas à l’inverse l’un peu simpliste mais plaisant A bout portant, dont la mise en scène était beaucoup plus enlevée. Mais ici, le scénario est alourdi par de trop nombreuses péripéties. L’histoire et les rebondissements sont assez prévisibles, hormis le coup de théâtre et l’annonce pas très crédible à Simon à la fin.

Gilles Lellouche, Vincent Lindon

On sent l’empreinte de Gray et de Little Odessa dans Mea Culpa, avec l’utilisation des paravents et des toiles tendues (propices à une confusion pour distinguer tel ou tel personnage), notamment dans les courses-poursuites dans le vieux marché ou dans un entrepôt.

Mais cela ne suffit pas, tout comme le jeu de Lindon ne suffit pas, à rattraper le sentiment laissé, derrière la fausse impression de vitesse d’action, d’exécution et d’enchainement des plans que contredit un trop grand nombre de scènes, d’un manque de rythme et de conviction en général dans la mise en scène. Pour le spectateur, c’est le synonyme d’un risque de voir poindre, derrière le manque de palpitant, d’intérêt (goût de déjà vu) ou d’enjeux de Mea Culpa, un certain ennui. Sans parler de la tristesse et de la déception d’assister (la persévérance frôle parfois la naïveté et l’absurde pour ne pas dire le sado-masochisme) à un énième polar français sans surprises et que l’on va (encore) comparer à une bonne série télé…

http://www.youtube.com/watch?v=YmaIs6s0rzY

Film français de Fred Cavayé avec Vincent Lindon, Gilles Lellouche, Nadine Labaki, Gilles Cohen, Medi Sadoun… (01 h 30)  

Scénario de Fred Cavayé et Guillaume Lemans sur une idée d’Olivier Marchal

Mise en scène : 

Acteurs : 

Compositions de Cliff Martinez :