J'avoue que ce week-end passé à Paris m'avait totalement envoutée, non par la visite de la ville que je n'avais pas eu le temps d'envisager, sachant que l'occasion se présenterait ultérieurement, mais par le style de vie de mes amis qui me correspondait tout à fait.
Je rentrais donc à Roubaix avec la ferme intention de m'installer à Paris.
Je m'étais engagée professionnellement dans l'intérim afin de me libérer dès que je le souhaitais, tout en préparant quelques économies pour mes projets parisiens.
De temps en temps je regardais les petites annonces avec l'espoir de trouver un job dans la capitale, plutôt que de m'y précipiter à l'aveuglette, pour ne pas reproduire mon expérience cannoise où j'avais dilapidé en une saison toutes mes économies.
C'est ainsi que j'eus la chance de trouver un jour une annonce d'offre d'emploi sur Paris dans le journal local.
Je m'empressais donc d'adresser ma candidature avec l'espoir un peu sceptique d'une réponse positive. A ma grande surprise elle le fut.
C'est ainsi que je partais pour la ville lumière, afin de rencontrer ce nouvel employeur.
L'entretien eut lieu de façon concluante et immédiate.
Ce poste fut pour moi une véritable opportunité de m'installer dans la capitale.
Mes amis étaient absents pour raison professionnelle, et difficilement joignables, nous n'avions pas de portable à l'époque.
Je décidais donc de m'installer provisoirement à l'hôtel, en attendant leur retour pour annoncer la bonne nouvelle.
Je m'étais très bien organisée dans la petite chambre d'hôtel que j'occupais provisoirement, suite à une adresse qui m'avais été recommandée, et en l'absence de mes amis je consacrais mes soirées à la lecture.
C'était en 1972 et la belle architecture de la ville n'était pas aussi resplendissante qu'aujourd'hui, les immeubles étaient sombres et noircis par la pollution et les années, et tous les monuments historiques n'étaient pas encore mis en valeur.
De plus le métro me paraissait sinistre. C'était encore l'époque des poinçonneurs de tickets, et nous passions un à un pour nous rendre sur le quai.
Les rames de métro étaient identiques à celles que l'on aperçoit dans les films représentant Paris sous l'occupation.
Elles comportaient deux classes. Les rames de secondes classes étaient peintes en vert, les deux rames centrales de première classe peintes en rouge.
Les sièges étaient tous en bois vernis, et l'arrivée de la rame de métro sur le quai faisait un bruit infernal.
Le jour de mon arrivée chez mon nouvel employeur me parut encore plus sinistre.
Les bureaux obscurs étaient entièrement recouverts de boiseries sombres, et les employés semblaient tous froids et coincés, j'avais l'impression d'entrer dans un funérarium.
Je venais de me faire engager chez un notaire, et en attendant de faire mes premiers pas dans la haute-couture, je travaillais chez "Maitre Couturier", comme par hasard, et situé boulevard Malesherbes, proche des adresses mythiques des grands couturiers !!!
Signes précurseurs ? Mais je n'en étais pas encore arrivée là..........