D'un ton cru, intime et descriptif, Annie Ernaux nous conte son enfance, son adolescence et sa vie de jeune femme. Élevée par une famille qui a foi dans le travail, les lettres et les sciences, une famille de commerçants qui joue avec les stéréotypes, notre héroïne grandit et se construit par ses lectures et ses rêves.
Mais qu'a-t-elle aujourd'hui ? Une famille. Un mari. Un travail. Mais elle est seule. Seule avec ses rêves avortés. Seule avec une joie de vivre oubliée. Elle vit d'habitude et de routine. S'observe se fondre dans le moule de la bonne mère et de la bonne épouse.
Je n'ai pas particulièrement accroché à ce roman que j'ai trouvé très lent et intimiste. Si le sujet me tentait bien (la condition féminine et ses stéréotypes me questionnent), je n'ai pas été emballée par son traitement. Toutefois, il a le mérite d'interroger sur l'égalité entre les sexes. Est-ce logique de mener une vie débordée par les obligations envers ses enfants, son mari, son travail, sans plus avoir une minute à soi ? Est-ce logique de préparer un repas quand l'autre lit le journal ? Tous les soirs ? Sans pour autant partager les autres taches ? Sans prôner le féminisme, Annie Ernaux nous fait sentir l'injustice de cette condition, elle nous rappelle que tout est loin d'être gagné en terme d'égalité et que les habitudes sociales et domestiques reviennent au galop si l'on n'y prend pas garde.