06 février 2014
C’est bien entendu Jean-Baptiste qui m’a prêté ce shonen manga pour connaitre mon avis à son sujet. Un manga totalement opposé au style « léché » et historicisant du merveilleux Cesare, mais qui mérite l’attention à plusieurs niveaux.
Pour moi, il me semble particulièrement intéressant aussi de noter qu’un jeune adolescent, situé parfaitement dans la cible de cet ouvrage, sollicite mon sentiment sur ce qui représente un grand succès dans le genre au Japon.
GTO est paru en 25 volumes, édité en France à partir de 2007. Le scénario a également été adapté en anime (film d’animation pour la télévision), en feuilleton « live » et en jeu vidéo, comme il est d’usage face à des personnages qui ont rapidement trouvé leur public.
Voici donc l’histoire mouvementée d’Eikichi ONIZUKA, 22 ans et encore puceau, karateka 2ème dan, qui a terminé ses études à l’université Eurasia mais ne trouve que de petits boulots mal payés et temporaires, dans un Japon où règne la crise économique. Chef de gang, tenue voyante, coupe de cheveux provocante, ses entretiens d’embauche ne sont qu’une série de déceptions. Sa manie : regarder sous les jupes des jeunes lycéennes … Comment l’assouvir : en devenant enseignant. Simple, mais il fallait y penser !
La mue commence par un stage dans un secteur difficile, plus précisément dans une classe où l’activité principale des élèves est de pourrir la vie des professeurs, par la provocation et le chantage. Onizuka va utiliser des méthodes peu orthodoxes pour mettre ces élèves perdus au pas. Dans le même temps, il secourt une jeune fille malheureuse, mais ne profite pas de l’occasion pour « se la faire ». Car il a des principes, un reste de la philosophie des samouraïs, sans aucun doute. Contre toute attente, l'ancien voyou va se révéler en excellent pédagogue et combattra les faiblesses du système pédagogique japonais de l'intérieur.
Très adapté aux rêves et aux fantasmes des ados – japonais ou pas – l’histoire aborde les sujets de société qui les préoccupent.
C’est déluré, plein d’humour, de distanciation et d’autodérision. La qualité du dessin est un classique du genre, elle permet de comprendre certains aspects de la vie quotidienne nipponne actuelle, mais les sujets abordés sont aussi ceux de la jeunesse d’aujourd’hui dans les pays occidentaux qui connaissent le doute, la stagnation économique et la perte des valeurs.
Pour moi, grand-mère vivant en France, cette lecture constitue un apport utile à ma vision du monde actuel et une délicieuse complicité culturelle avec mon petit-fils.
A quand une bande-dessinée française de ce style pour réformer enfin les méthodes visiblement inopérantes de l'Education Nationale ?
Great Teacher Onizuka, manga de Tôru Fujisawa, édité par Pika éditions, 190 p. 15,50€