Une semaine de BD

A nouveau, j’ai dévalisé le rayon BD de la bibliothèque municipale.

Le photographe T2&3 de Lefevre/Guibert

Suite et fin de la BD dont je vous parlais déjà dans cet article et coup de coeur confirmé.
On continue à y suivre Didier Lefèvre le reporter photographe et la caravane de MSF. Plus le récit avance plus il est prenant. L’installation des médecins dans leur hôpital de campagne est à la limite du réel. On y comprend toute la dévotion de ce métier, toute sa beauté, toutes ces difficultés. Ses hommes et ses femmes sont des héros. De vrais héros. Certaines situations sont très très difficile, leur implication elle reste intacte. Encore une fois, le regard posé par le photographe offre une certaine distance qui rend le récit non pas moins grave mais teinté parfois d’un peu d’ironie.
On y apprend également comment MSF forment les Afghans afin qu’ils puissent donner les premiers soins, voir même plus lorsque les médecins seront partis.
Dans le tome 3 c’est le voyage de retour que nous raconte Didier Lefèvre. Son voyage de retour, qu’il décide de faire en solitaire contre l’avis de tous les autres. Un récit extrêmement poignant. Le froid, le danger, l’immense difficulté du trajet, les problèmes auxquels il va devoir faire face. Le lecteur vit tout cela avec lui et comprend qu’il est un survivant. Mon coeur n’a cessé de battre la chamade durant toute la lecture. Sans cesse je me disais, ce n’est pas de la fiction, cela s’est réellement passé et j’en avais le souffle coupé.
On ne se rend pas compte du courage de ces hommes et de ces femmes. Je suis plus qu’admirative devant leur combat, leur abnégation.
Cette série de 3 tomes est un véritable bijou.
A la fin du tome 3 se trouve un DVD. J’avais envie de le voir pour boucler la boucle.
Il s’agit du même récit, cette fois-ci en images, en couleurs, fait par Juliette la chef de mission MSF. Une femme absolument incroyable. Cette femme blonde au doux visage qui gravite dans un monde d’homme sans jamais baiser les yeux a tourné ses images avec une caméra qui a suivi la caravane pendant tout le trajet. On y voit ce que la BD décrit et l’on se rend compte combien le dessin et les photos en noir et blanc rendent le récit plus supportable. Les images filmés elles sont très très difficiles à regarder.
Il faut imaginer ces hommes et ces femmes qui pendant 1 mois marchent pour passer la frontière du Pakistan accompagnés de 120 ânes et chevaux afin d’apporter soins et traitements aux Afghans obligés de vivre en totale autarcie. Il faut imaginer le froid, la faim, les douleurs, les blessures, l’inconfort, les cols à gravir, le manque d’oxygène, de nourriture, le danger, la peur…Il faut imaginer cet hôpital de campagne, un simple abri de fortune où les médecins officient nuit et jour, pratiquent des anesthésies, des opérations, sauvent des vies… Ces patients qui attendent pendant des heures, venus de très loin pour soigner leur enfant…
Certains passages, notamment la mort des chevaux en cours de route, les opérations sanglantes, la mort des enfants sont insupportables. Insupportables parce qu’il ne s’agit pas là d’une fiction, ces gens ont réellement vécu ces atrocités, beaucoup les vivent d’ailleurs encore un peu partout dans le monde.
On se sent bien peu de choses…

Louis au ski de Guy Delisle

Un peu de légèreté après la claque du Photographe.
J’aime beaucoup le travail de Guy Delisle, notamment ses carnets de voyage avec MSF mais là c’es très différent. Il a fait une BD dont le sujet principal est son fils Louis et raconte une journée de ski pour ce petit bonhomme. Le tout sans aucun dialogue.
Je n’ai pas réussi à accrocher. Il s’agit d’une fiction mais certains élèments m’ont semblé trop saugrenus et du coup je n’ai réussi à me les enlever de la tête. C’est mignon mais je n’ai vraiment pas accroché.

Frères d’armes

Cette BD se compose de deux récits entièrement distincts. Cachemire met en scène le monologue désabusé d’un jeune militant Kashmiri emprisonné, que son idéalisme a fait basculer dans la lutte armée. Kerala met à l’épreuve deux frères que leurs trajectoires de vie ont mené sur des voies philosophiques et confessionnelles divergentes – pour ne pas dire antagonistes.
Le premier récit est dur, noir, les teintes rouges utilisés renforcent l’impression de violence qu’il dégage. On y comprend comment d’un simple militantisme passif on peut se faire enrôler et tomber dans une violence qui dépasse celle que l’on souhait combattre.
La deuxième est  très différent. Elle s’attache plus aux personnages, à leur passé. Il est aussi plus complexe.
Une BD engagée et plus que pertinente.

Lune L’Envers de Blutch

Je découvre Blutch avec cette BD qui vient de sortir.
Lune l’envers, un one shot qui raconte l’histoire de Lantz, auteur à succès en manque d’idées, qui se laisse envahir par le doute…
Lantz est dessinateur de BD ; c’est lui qui a imaginé Le Nouveau Nouveau Testament, best-seller dont dépend l’économie entière. En panne d’inspiration, il est brutalement débarqué de sa série. Rongé par le doute, il ne sait plus ce qu’il veut, et ses nombreuses frustrations le rendent misérable. Vie de bureau, usine, pressions en tout genre – de la hiérarchie, des femmes, des responsabilités que l’on s’impose… Lantz nous renvoie à notre quotidien. Réussira-t-il à trouver une voie de sortie honorable ?
Blutch a son propre univers auquel tout le monde n’adhérera certainement pas. Entre réflexion et monde fantastique.
J’ai trouvé ce récit passionnant, certes très éloigné de la BD qui je lis habituellement mais le plaisir de la découverte n’a fait que décupler mon intérêt.  C’est un récit qui prend le lecteur a parti, qui réussi à le faire réagir, qui ne laisse pas indifférent. C’est parfois trouble, un peu glauque mais je crois que c’est en cela qu’il en est marquant.