J’ai appris récemment qu’une analyse menée en 2005 a évalué la valeur économique des chauves-souris américaines à 2,9 milliards de dollars par an! Pas mal, non ?
Ce montant a été calculé en considérant les pesticides qui auraient été utilisés pour détruire les insectes dévorés par les chauves-souris. Même si je n’affectionne pas particulièrement les chauves-souris, je dois avouer que ce chiffre monétaire annualisé me fait réfléchir et me transforme presqu’en protecteur des rongeurs volants. Car grâce à cette information factuelle, je peux mesurer la conséquence d’une disparition des chauves-souris.
Peut-on faire le même exercice avec les OBNL québécois, globalement ou selon les différents secteurs d’intervention ? Je ne crois pas, mais j’aimerais bien me tromper parce que ça changerait beaucoup la dynamique de la demande de don. Un peu comme si on passait d’une demande de charité à une proposition concrète de projet social à grande valeur économique.
Prenons l’exemple des organismes caritatifs offrant des soins palliatifs. Voilà un domaine pour lequel il serait intéressant de mesurer la valeur économique totale (si ce n’est pas déjà fait). Imaginons que les OBNL québécois offrant des soins palliatifs disparaissent demain, on sait intuitivement qu’il y aurait un coût énorme pour que l’état québécois prenne le relais. Cette disparition aurait effectivement un aspect très concret et tangible, sans compter la qualité des soins qui diminuerait probablement. Et comme ces soins devraient maintenant être financés entièrement à partir de nos impôts, la valeur économique de ce secteur caritatif serait encore mieux comprise par le grand public.
La même chose est probablement vraie pour d’autres secteurs de "l’industrie" philanthropique qui ont tous besoin de cette évaluation économique afin de modifier la perception de la population qui parfois (trop souvent) ne voit pas du tout l’intérêt de d’investir du temps ou de donner de l’argent pour que l’organisme XYZ puisse réaliser sa mission sociale.
Ça ne fait que 5 ans que je travaille dans le milieu philanthropique, c’est donc avec une dose d’humilité que j’affirmerai que le calcul de la valeur économique des OBNL québécois devrait être une priorité pour tous les organismes de façon indépendante ou en tant que "secteur d’intervention". Le calcul de cette valeur économique n’est pas simple, j’en conviens. Il y a beaucoup de variables à considérer, un modèle d’évaluation complexe à construire. Mais malgré ces défis, il faut trouver une solution.
Pourquoi ? Parce que la charité des donateurs cède rapidement la place à une notion d’investissement dans une cause. Et un investissement vient avec une attente de rendement, le besoin de se faire rendre des comptes et de voir la démonstration que la décision de donner à cette cause plutôt à une autre a été la bonne.
Ceci ne veut pas dire que la communication des OBNL devrait se faire uniquement au niveau de l’argent et de l’utilisation efficace des fonds. Je crois au contraire qu’il faudra créer toujours plus de contenu multimédia à partager avec la communauté des sympathisants qui appuie une cause pour l’entretenir d’histoires riches en émotions. Toutefois, je crains que les belles histoires ne suffiront pas à elles seules à rendre les québécois plus généreux … il va falloir en plus une démonstration économique.
Alors, si vous connaissez des études sur la valeur économique des OBNL, je vous invite à les partager en commentaires ci-dessous. Dans le cas où vous êtes impliqués dans un projet qui touche à ce qui est discuté dans cet article, je serais curieux d’en savoir davantage. Et si jamais vous connaissez un analyste économique qui se cherche un défi stimulant, glissez-lui en un mot … on sait jamais!