Magazine Bien-être
Les mains de cet aide-soignant, prêtre de la Mission de France, ont touché bien des corps malades et fragiles confiés à ses soins. Ces corps, Dominique Trimoulet les aborde comme une terre sainte tant ils révèlent, selon lui, l'être profond et mystérieux de chaque personne...
Au séminaire, j’ai aussi découvert qu’être missionnaire, cela passait par la présence aux hommes blessés, souffrants. Or, j’avais un métier pour vivre cela, un métier où le contact physique tenait une grande place. Dans ma lettre d’ordination, j’ai donc formulé la demande d’enraciner mon ministère dans le silence du chevet des malades.
Voilà désormais 30 ans qu’en tant qu’aide-soignant je me tiens auprès d’eux et prends soin de leurs corps. Ces corps, je les ai lavés, soutenus, apaisés, nourris, habillés. Depuis quelques années, je les masse. Car j’ai réalisé que la toilette des malades était autre chose qu’un soin d’hygiène et de confort : toucher un corps, c’est toucher la vie d’une personne unique, éprouver l’unité profonde de son être. Le corps n’est ni une enveloppe ni une prison, c’est toute une vie faite d’émotions. Aussi, quand je masse, je ferme les yeux, je me recueille pour écouter, aborder une terre sainte.
Grâce au massage, j’ai compris qu’on ne peut toucher sans être touché. J’ai appris aussi quelque chose de l’humain qui ne peut se communiquer qu’à nos propres mains, cette part de mystère que les corps seuls peuvent signifier, dans l’échange de peau à peau. « Ceci est mon corps livré pour vous », a dit Jésus, Dieu fait chair. En régime chrétien, il n’y a pas de nourritures spirituelles qui ne soient aussi corporelles. C’est la vie incarnée de Dieu que nous recevons au plus intime de notre corps pour que notre vie humaine soit animée de la sienne.