C’est l’histoire d’Arnaud et d’Estelle. Ils partent en
vacances au camping du Cap-Ferret avec Auguste, leur fils de 9 ans. Un couple
en lambeaux, en bout de course : « On ne baisait plus que tous les 36
du mois alors on ne comptait plus les nuits sans, la fréquence de nos
emboîtements étaient de plus en plus faible et ça ne leur faisait pas pour
autant gagner en intensité, merde, à quoi ça tenait, j’en sais rien, l’usure,
le linge sale, les mauvaises habitudes, les remarques déplacées et les yeux qui
se fermaient pendant que tout rabotait les angles qui nous imbriquaient l’un
dans l’autre. » C’est aussi et surtout l’histoire de deux frangins. Arnaud
est l’ainé, docker à Marseille, encarté à la CGT et fier de l’être. Max est le
cadet, un voyou qui enchaîne les séjours en prison et trempe en permanence dans
des combines malsaines. Entre Arnaud et Max, les relations sont tendues. Et
quand ce dernier débarque sans crier gare au camping, le grand frère se doute
qu’il y a anguille sous roche…
J’aime quand Guillaume Guéraud fait du Guillaume Guéraud. Une
noirceur totale, une écriture nerveuse, sèche comme un coup de trique, sans
chichi ni envolée lyrique. On reste à hauteur d’homme, on ne donne pas dans la
psychologie de bazar et surtout on ne juge pas. Jamais. Les faits parlent d’eux-mêmes,
ils vous électrisent et vous laissent groggy. Bien sûr c’est très sombre, bien
sûr il y a comme un malaise et ça peut déranger, je le comprends tout à fait.
Maintenant, lorsqu’un auteur sait aller à l’essentiel sans prendre de gants, ça
me botte, et pas qu’un peu.
La construction du récit est efficace et alterne entre le
présent des vacances au camping et des chapitres en flash-back revenant sur les
événements tragiques qui ont poussé Max à rejoindre son frère. Des dialogues ciselés,
des moments de tension et d’autres beaucoup plus légers avec parfois une vraie pointe d'émotion, des personnages sacrément malmenés... du grand art, quoi.
Baignade surveillée de Guillaume Guéraud. Le Rouergue, 2014.
125 pages. 13,80
Une nouvelle lecture commune que j’ai l’immense plaisir de
partager avec les drôles de dames Moka, Noukette et Stephie.
L'avis de Clara