En l’espace de très peu de temps, de très peu de saisons, How I met your mother est passé du glorieux stade de série immanquable, de proclamée meilleure sitcom des années 2005, à celui qu’on lui connait aujourd’hui, à savoir un cadavre qu’on laisse gentillement pourrir dans un coin en attendant la fin. Triste réalité pour les uns ou effet de groupe pour les autres, il reste difficile de nier que la qualité générale s’est dégradée et, les épisodes, très inégaux entre eux.
Oui, je vous entends déjà me dire que ce que j’annonce là n’est pas une grande nouvelle, qu’on s’en est tous rendu compte à un moment ou un autre, et que l’on n’attend plus un nouvel épisode avec la même fébrilité qu’il y a encore trois ou quatre ans. Aujourd’hui, How I met your mother en est à sa dernière saison, la neuvième au compteur, et il ne manque plus qu’une poignée d’épisodes avant que ne tombe le rideau final. Et si j’évoque le sujet maintenant, c’est parce que je pense que cette dernière saison est très représentative du syndrome maladif que subit la série en ce moment. Et donc, voilà l’occasion pour moi de revenir brièvement sur un show que je ne regarde plus que par curiosité, à travers le prisme de la nostalgie et de l’incompréhension.
J’ai envie de revenir sur le sujet parce que le seizième épisode de cette neuvième saison, le meilleur depuis très longtemps, répond très précisément aux question que tout le monde se pose en silence : "qu’est ce qui ne va plus ?".
Attention, spoilers jusqu’au 9×16.
Dans cet épisode intitulé How your father met me, on découvre les neufs dernières années du point de vue de la mother et, notamment, toutes les fois où sa route a pu croiser -directement ou indirectement- celle de Ted. Le parapluie jaune, la cheville, le premier cours en amphi, etc ; Chaque pièce du puzzle vient s’imbriquer avec ses paires au profit d’une histoire plus cohérente. Pourtant, s’il s’agissait très certainement de l’un des moments les plus attendus, parce que enraciné dans la mythologie de la série, les scénaristes n’ont pas cédés à la facilité et le plus intéressant reste peut être ce qui se passe entre ces moments de déjà-vu. Aussi parce que Cristin Milioti, l’actrice campant le rôle de la futur femme de Ted, apporte une fraîcheur et un humour qui sont plus que bienvenus. D’ailleurs, c’est simple, les meilleurs épisodes de cette saison sont ceux où elle figure. Coïncidence ? Rien n’est moins sûr.
Mais la réponse est finalement très simple, quand on prend la peine de retourner la question : Qu’apporte ce nouveau personnage à la dynamique pré-établie ? Tout connement, de la nouveauté. Un terrain vierge qui empêche les auteurs de tomber dans la redite.
Je crois sincèrement que problème majeur de cette saison n’est pas d’avoir chamboulé le rythme préalablement instauré -et totalement fictif- mais bien d’avoir cherché à recycler toutes les blagues qui ont fait les beaux jours d’How I met your mother. Chaque potentiel running-gag des saisons précédentes nous est resservi. Barney et ses chansons, son rapport à la famille, son mysterieux travail, les baffes données par Marshall, le bro-code, l’enfance de Ted, etc. Etc. L’hommage qui aurait pu être beau, à la manière d’une dernière révérence, fini par devenir indigeste. Et un peu désespéré.
Puis, finalement, ils ont osé. Et quand j’ai vu arriver le coup du Naked man à l’épisode 16, j’ai enfin pris conscience de l’intérêt de la mother : elle ne possède pas la même histoire que les autres personnages. Elle est donc, de facto, totalement immunisée contre ce phénomène de répétition. Le passé ne se réitère pas, puisqu’il n’existe pas. Du moins pour elle. En prenant le spectateur à contre-pied de ses attentes, de ce qu’il connaît, le Naked man devient le seul gag correctement réutilisé et vraiment intéressant. Parce qu’il y est détourné, réinventé, et que la chute surprend. Contrairement à ce que fait la série depuis plus de 50 épisodes.
"- You know, for a minute there, I totally forgot you were naked.
- In a way .. aren’t we all naked ?
- Yeah, but your balls are on my couch."