Le mot amour et surtout le verbe aimer sont piégés, car ils cachent des sens très différents. On dit qu’on « aime » le poulet — et on le dévore (celui-ci préférerait ne pas être aimé de cette manière !). Mais on dit aussi que la maman aime son enfant jusqu'à se laisser “dévorer” par lui.
D’où toutes les confusions et les déceptions.Alors, de quel amour parle-t-on ?
Mais attention : le coup-de-foudre ou la passion amoureuse ne durent jamais, pas plus qu’un cheval ne peut galoper sans cesse. De plus, si l’amour n’est que ça, il devient possessif, consommateur de l’autre. On finit par « dévorer » ce qu’on prétend aimer.
L’amour-DONme fait sortir de MOI, de mes intérêts personnels. Je fais passer l’autre devant. Je veux lui DONNER, et même ME DONNER à lui. On peut parler ici du VRAI AMOUR.
Le DON est ainsi le deuxième “moteur” de l’amour, qui lui permet de d’évoluer, de progresser, surtout quand le désir se fait attendre (ou est momentanément en panne). L’amour avance donc grâce à ses deux “moteurs” : le DÉSIR et le DON.1. Comme avec un voilier : la voile correspond au DÉSIR — super quand ça souffle dans le bon sens ! — et le moteur correspond au DON, indispensable pour avancer ou manœuvrer dans beaucoup de situations.
Quand l’amour rencontre une difficulté, et qu’il veut la surmonter, n’est-ce pas sur le DON qu’il va s’appuyer ? Cela s’appelle le PARDON lorsque l’amour a été blessé.
Le DON et le DÉSIR se provoquent et s’entraînent mutuellement, comme dans la marche et la course, où chaque pied passe devant l’autre. Ainsi dans la relation d’amitié ou d’amour réciproque : le DÉSIR de l’un va appeler le DON de l’autre. Et le DON de l’un va combler le DÉSIR de l’autre. Dans l’amitié ou un couple aimant, ce chassé-croisé du DÉSIR et du DON peut évoluer toute la vie. Dans l’amour vrai, on ne s’ennuie jamais ; on peut toujours progresser.