Le réseau social semble offrir un niveau de langue relativement élevé par rapport à d’autres moyens de communication.
A l'image de ce qui s'était passé au niveau des SMS, les réseaux sociaux souffrent d'une image de dérégularisation de la langue, qui confine dans certaines analyses à un indicateur de la désalphabétisation des jeunes. Et ce, d'autant plus avec l'utilisation constante d'anglicismes. Cependant, cette analyse est du moins réductrice voire peut-être, selon une récente étude, fausse. En partenariat avec le centre de recherche Microsoft, James R.A. Davenport de l'Université de Washington vient ainsi de publier une analyse comparative de la lisibilité des tweets et leur signification replacée dans un contexte géo-éducatif. Il apparaît ainsi que si des différences existent, la lisibilité moyenne reste relativement égale, et ce quel que soit le niveau d'éducation de l'utilisateur.
Une meilleure lisibilité
L'équipe américaine a ainsi analysé plus de 17 millions de tweet émis par des utilisateurs de langue anglaise, et localisés principalement aux Etats-Unis. Ce qu'ils définissent comme lisibilité correspond en réalité à leur méthode d'analyse de ces millions de tweet. Cette méthode, dénommée formule de la Facilité de Lecture de Flesch, propose ainsi, plutôt que de comparer les termes utilisés avec un lexique précis, de calculer le nombre de mots et de phrases, et plus particulièrement le nombre de syllabes par mots, pour en définir la complexité. Les résultats obtenus, passés par le prisme de l'analyse géographique et notamment les zones les plus éduquées, n'ont cependant pas réussi à démontrer une corrélation suffisante entre lisibilité et niveau d'éducation. Mais les chercheurs ont découvert, en comparant les tweets analysés, une lisibilité bien moins importante dans les échantillons et études similaires réalisées sur les SMS ou des messages envoyés par chat. Ce qui signifie ici que le langage utilisé dans les tweets semble nettement plus soutenu et complexe que celui utilisé dans les relations principalement bilatérales, comme le SMS.
Twitter, média égalisateur?
En plus de battre en brèche la théorie de l'abrutissement des utilisateurs de réseaux sociaux, cette étude semble offrir à Twitter un autre attribut : celui d'une homogénéisation du langage, et ce plutôt vers le haut. Il apparaît ainsi que le caractère public de tels échanges pousse les utilisateurs à faire plus attention à l'orthographe. De même, la taille réduite offerte par un tweet semble pousser les utilisateurs à rechercher plus spécifiquement un mot précis pour expliquer leur pensée. De là à dire que le réseau social est un outil éducatif, le fossé semble encore grand, mais cette étude permet du moins de montrer une certaine maturation des réseaux sociaux, corrélée peut être avec le vieillissement des utilisateurs.