4 février 2014
Nouveau : couplage avec un article sur l'islamophobie
Vous avez remarqué que je me bats sur 2 fronts.
En restant le plus factuel possible, et parfois un peu ironique, je froisse les activistes islamistes, djihadistes ou salafistes ou simplement ultra traditionalistes. Mais je froisse aussi, et le terme est faible, les islamophobes (pour la définition de ce terme, voir l'article) qui m'attaquent de manière virulente comme un traître à l'Occident.
Cet article est une réponse leur demandant de regarder le monde tel qu'il est, avec des musulmans très différents les uns des autres et non pas des mécaniques. Donc lisez : http://bit.ly/1gGe78W et au besoin soutenez-moi par vos commentaires si je fais l'objet d'attaques aussi excessives que d'habitude.
Si ce lien ne fonctionne pas, allez sur Google et tapez « L'islamophobie est pire ». Vous y trouverez en prime d’autres débats où je ferraille sur le même sujet.
La Tunisie avance, suite
Ça y est, la constitution est adoptée, le nouveau gouvernement est en place et les ministres sont réputés sérieux. Il faudrait en plus qu'ils soient totalement indépendants et suffisamment à poigne pour effacer les nominations partisanes des deux dernières années, sans être pour autant du côté opposé ! Bon courage !...
On verra aussi si le premier ministre a le sens du symbole et de la communication pour un grand coup médiatique qui ramènerait les touristes et si possible quelques investisseurs. Il faut lui souhaiter un grand succès, d'une part pour la Tunisie et d'autre part pour qu’on ne lui impute pas les échecs du gouvernement précédent, qui serait ainsi « blanchi ».
En attendant, cette sortie (partielle) de crise par le compromis fait l'admiration des étrangers, et des envieux chez les Marocains et les Algériens, qui se demandent pourquoi ce n'est pas comme ça chez eux. Mon opinion personnelle est que la Tunisie est un pays beaucoup plus ouvert et depuis beaucoup plus longtemps, y compris pendant la colonisation (qui a d’ailleurs généré Bourguiba) et même avant. Certes le Maroc a fait récemment des progrès en ouverture, mais le pays est plus grand, plus peuplé, moins scolarisé et les contacts de tous ordres (touristes compris) avec le monde extérieur avaient touché une plus faible partie du pays qu'en Tunisie. Quant à l'Algérie, en matière d'ouverture…
Revenons à la constitution : il semble qu'elle établisse un régime semi-présidentiel, les pouvoirs étant répartis entre le président et le premier ministre. Le président peut dissoudre l’Assemblée; il préside le conseil de la sécurité nationale et il est le chef des forces armées; il ratifie les traités et il peut prendre les mesures requises par des circonstances exceptionnelles (art. 79). Il nomme aux emplois supérieurs militaires et de la sécurité nationale sauf opposition de la commission parlementaire concernée dans un délai de vingt jours. Il préside aussi le Conseil des ministres dans ce qui est son « domaine réservé » – défense, affaires étrangères, sécurité nationale. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense sont choisis en concertation avec lui.
Enfin, je lis sur l'Internet tunisien des débats relatifs à la législation sur les élections législatives et présidentielles, qui ne semble donc pas prête à « sortir ». Or les dispositions relatives à transparence d'une part, et le mode de scrutin d'autre part, ne sont pas du tout neutres quant à l'organisation des partis. Une élection à un tour est par exemple beaucoup plus hasardeuse qu'une élection à deux tours.
Al Jezirah coule avec les Frères Musulmans
Cette chaîne de télévision à une histoire en 3 étapes que je vais sommairement rappeler (voir aussi mes lettres antérieures depuis l’origine et mon article de 2011 : http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/high-tech-medias/medias/221138297/passe-t-al-jezirah ). Dans un premier temps son succès est venu des défauts des chaînes nationales qui étouffaient tout débat d'idées, et elle représentait alors à la fois le professionnalisme et la liberté. Dans un 2e temps ce succès a été consolidé par des reportages sur les printemps arabes. Dans un 3e temps on s'est aperçu qu'elle aidait les Frères Musulmans à « monter dans le train » de ces printemps et qu'elle continuait à les soutenir lorsqu'ils ont tenté de monopoliser le pouvoir. En effet le Qatar, propriétaire de la chaîne, soutenait par ailleurs la confrérie, y compris en finançant l'Égypte lorsqu'elle était gouvernée par Mohamed Morsi.
Cela finissait sans doute par faire beaucoup, surtout alors que les Frères se faisaient de plus en plus détester. Il y a (donc ?) eu un changement de gouvernement au Qatar et ce soutien à la confrérie est moins évident. Al Jezirah s'est donc trouvée en porte-à-faux, alors que les opinions arabes ne la considéraient plus comme la représentante de liberté mais celle d'un courant de plus en plus mal vu. Son audience est donc effondrée au Maghreb et en Égypte.
Voir http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2722p134.xml0/ (décembre 2013) qui donne des détails et des chiffres et un article de juillet 2011, évoquant les vertus de la chaîne et le début de ses problèmes : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2634p082-084.xml1/
L'Irak et l'Iran, ou les racines d'aujourd'hui
Je recommande très vivement la lecture de l'excellent article ci-après :
http://www.diploweb.com/Geopolitique-de-l-Iran-et-de-l.html
Vous y trouverez notamment un bon rappel des péripéties de « la guerre de 14 » entre l'Iran et l'Irak, les conséquences sur la situation actuelle et notamment sur la possibilité de discussions sérieuses avec Téhéran : s’il est convaincu que c’est son intérêt, si les caisses de l’Etat sont vides et s’il est convaincu qu’il est sous la menace imminente d’une intervention militaire étrangère.
La nationalité de l'eau
L'eau est rare au Proche-Orient, et notamment dans la Palestine géographique divisée entre Israël et « le reste ». Ceux qui connaissent l'endroit savent à quel point cette eau est disputée alors que la force est du côté israélien. Reste le droit. Vous imaginez que les interprétations sont totalement différentes de part et d'autre. Plutôt que de vous exposer les arguments de chacun, et de me faire estropier pour une virgule mal placée, je vous invite à taper sur Google « rapport glavany palestine ». Vous y trouverez une liste de sites exposant les uns la position israélienne, les autres la position palestinienne.
L’Algérie : démarrage très progressif de la présidentielle, suite
Vous vous souvenez que les dates ont enfin été fixées : dépôt des candidatures jusqu'au 4 mars, campagne électorale du 23 mars au 13 avril, élection le 17, et que si le FLN a bien annoncé la candidature du président Bouteflika, ce dernier n'a toujours rien dit.
Et s'il ne se présente pas, qui sera le candidat « officiel » ? Les « possibles » ne veulent pas se brûler en se déclarant trop tôt, tandis que les « improbables » se présentent en masse. Ces candidatures ne sont en général pas très solides, sauf celles de « vrais » partis politiques, anciens ou nouveaux, comme Jil Jahid que je vous ai présenté. On remarque toutefois qu’il n'y a pas de candidature islamiste pour l'instant. Faiblesse ou manœuvre pour rallier le plus utile au bon moment ?