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Si se battre pour une éducation de qualité supérieure est acte citoyen, discréditer n’importe quelle initiative ministérielle, plus ou moins fantasmagorique, au nom de cette même citoyenneté, est un aveu de faiblesse. Peut-être même, un vœu de faiblesse. Ainsi, la récente polémique sur la question du genre à l’école n’aurait pas dû retenir à ce point l’attention. Le fantasme d’une instruction délibérément néfaste de nos chères têtes blondes est pourtant bien réel.
Il faut déplorer que les rumeurs d’un complot au sein des écoles puissent être médiatisées : elles font l’objet de discussions navrantes sur l’identité sexuelle et sur la filiation qu’aucun malade mental n’aurait l’idée d’engager. De plus, elles laissent croire aux jeunes et à leurs parents que les enseignants cherchent délibérément, avec la complicité de l’État, à détruire leur liberté. Encore une fois, on parle des droits des individus, jamais de leurs devoirs. Le « système », le plus parfait bouc émissaire pour expliquer sa propre incapacité à travailler pour s’améliorer.
Selon nous, il est plus urgent de fonder un cours de méthode des épreuves écrites et orales à l’intention des collégiens et des lycéens. Il est plus urgent de proposer une technique d’apprentissage de la culture générale qui soit fondée sur la modélisation. Il est plus urgent d’apprendre comment se servir des nouvelles technologies pour développer des compétences et non plus se divertir. Il est vrai que de telles initiatives sont autrement plus ambitieuses que de chercher à prouver qu’une fille, elle aussi, peut faire des mathématiques appliquées ou de la plomberie.
La réelle urgence, c’est d’apprendre à développer le talent et l’intelligence de la nouvelle génération. En effet, une majorité d’élèves ne comprend pas l’intérêt de faire un commentaire composé de littérature. Une majorité d’élèves ne sait pas comment faire une dissertation de philosophie. Une majorité d’élèves ne lit pas et se désintéresse de tout ce qui est vital – le goût de l’effort, la soif de connaissance, l’amour du travail bien fait. Voilà quelle est à nos yeux la véritable réflexion à produire. Voilà pourquoi il faut montrer à la jeune génération que le désir d’excellence, l’esprit de conquête, la fierté de notre héritage, sont les conditions préalables avant d’accéder à la citoyenneté.
David Jarousseau