Maurice Blanchard est né en 1890. Ouvrier, marin, puis ingénieur, mobilisé pendant la guerre de 14-18, résistant dans les années 42-44, il commence à écrire de la poésie à l’âge de trente-sept ans (1927) et publie de nombreux recueils jusqu’à sa mort en 1960.
Que reste-t-il de la flamme ?
Il faut d’abord choisir le point exact d’où l’on doit partir. Le reste importe peu.
Pas la flèche, mais l’oiseau ! Je suis un oiseau aveugle au centre de la Terre et je ne puis choisir mon chemin. Il n’y a pas de chemin.
C’est en allant rechercher mes désirs enfouis que je me suis perdu. Les arbres s’inclinaient sous la charge invisible du vent qui passe, les arbres se redressaient, vainqueurs une fois encore.
La joie était dans les yeux, la joie était dans l’alléluia du tremble argenté, ce poète de la forêt dont les mains tour à tour sombres et lumineuses rythment la danse du devenir, l’innocence retrouvée.
La situation-limite
Il est un fruit qui mûrit lentement, très lentement.
Si lentement que l’arbre meurt avant que le fruit ne mûrisse, avant même qu’il n’ait apaisé la soif du voyageur épuisé. Il s’en faut de peu : un rayon de soleil sur l’eau tremblante du repentir.
Monsieur l’architecte mesure la porte, les fenêtres, la hauteur des murs et la pente du toit. On honore monsieur l’architecte, on le salue quand il passe dans la rue, le mètre à la main et le derrière au bas du dos, comme tout le monde. Chaque soir un sommeil bien mesuré le supprime.
Je veille. Mon travail a besoin de l’infini. Oui ! Il me faut, à chaque instant passer par l’infini pour atteindre d’incertaines et transitoires petites choses. C’est mon métier. Bonsoir !