Publié le 5 février 2014 | par pixfan
Poursuite de notre série consacrée au portrait. David Ken raconte les coulisses du sacre de Djimé Coulibaly, nouveau champion du monde WMC de boxe thaï.
Djimé, Samedi 1er février 2014, 23h07, champion du Monde
Qui ? : Djimé Coulibaly
Où ? : Saint-Denis
Quand ? : 1er février 2013
Pourquoi ? : Championnat du Monde de Muay-thaï
Comment ? : Juste avant et déjà dedans.
Djimé, tu m’as offert ce privilège rare qui d’habitude n’appartient qu’à ton staff : celui de te suivre pendant ces minutes graves qui précédent un combat décisif. Presqu’un rituel. Le quasi profane que je suis encaisse d’un coup la profondeur, la nécessité, la beauté sévère de ce temps de préparation. Sous l’éclairage fade et un peu vague des néons du vestiaire, au milieu du brouhaha des allées et venues incessantes de tes amis, de tes fans, des gosses qui t’admirent et font de ta vie un modèle pour la leur, tu descends tout au fonds de toi chercher la force d’âme qui va faire toute la différence tout à l’heure.
Tu te sens investi d’une grande responsabilité : être digne des espoirs que tous ont mis en toi, être exemplaire et droit. Tu vas vaincre, j’en suis persuadé. Tu as souffert pour être à ce niveau. Rien sans rien. Et même si tu perds, au moins tu auras tout donné, acharné, combattif et fidèle. Tu y es déterminé, je le sens, je le vois. Tes gestes sont racés, ton shadow boxing calme et précis. Attaques et retraits s’enlacent, une danse dangereuse pour ton adversaire. Comment faire partager en une image ce que je ressens si fort, si physiquement ?
Quand tes préparateurs te massent, tu es déjà sur le ring, tu es là-bas et tu cognes, tu exploses, tu es puissance et vitesse et tes coups pleuvent derrière tes paupières closes. Tu répètes dans ta tête les enchainements qui n’appartiennent qu’à toi, ta marque de fabrique, ce retrait du buste phénoménal dont tu as seul le secret. On masse tes muscles, on bande tes articulations, mais en ce moment qui soigne ton âme ? Tout le monde autour de toi est impliqué, cœur et corps. Tous sont graves, vigilants, respectent et font respecter ta préparation. Tout s’accentue, tout s’accélère et tu es calme pourtant, serein presque. Les énergies éparses en toi se concentrent en un foyer de force pure. Peu à peu, tu es seul, comme tu le seras sur le ring, seul mais éveillé comme jamais, seul et entouré.
Grâce à toi j’ai découvert la grâce du Muay-thaï, sa violence explosive aussi. J’ai découvert et je découvre encore à quel point tu l’incarnes. Je souhaite donner à voir aux autres ta fluidité, ton élégance, ta puissance, contenues, retenues, tendues, perceptibles dans cette atmosphère peu à peu recueillie. Le Lumpini, des années d’entraînement, des blessures sans doute, du travail toujours. Sam qui t’épaule depuis tout ce temps. Les tiens, tous tes potes, tes partenaires, tes neveux, ta famille, tes frères dont quelques-uns sont en taule, tous te portent, là, en ce moment. Seul mais entouré, admiré, protégé, aimé. Tout est juste, tout est parfait, ciselé, affûté. J’ai eu la chance de pouvoir te filmer quelques jours avant ton titre de champion d’Europe et j’ai l’intime conviction que, ce soir, tu vas devenir champion du Monde. Chok dee Djimé.
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