Au revoir Cannes

Cannes était une ville splendide et très vivante, c'était la pleine saison.
J'adorais mon studio avec la salle de bains de marbre rose, et son balcon donnant sur la rue d'Antibes.
Afin de ne pas me retrouver seule dans une ville que je connaissais à peine, je sortais très souvent en discothèque, située derrière chez moi, où je retrouvais des connaissances de ma région.
L'idéal dans cette ville résidait dans le fait que je n'avais pas à me déplacer très loin en ce qui concernait toutes mes activités diurnes et nocturnes.


La fin de l'été approchait, et la ville commençait à se vider de ses touristes, je m'ennuyais déjà de Cannes et de la Croisette, malgré quelques excursions aux îles de Lérins.
De plus mon job me déplaisait sérieusement, bêtifiant et sans aucune responsabilité, mais surtout aucune créativité, ce qui me frustrait.


Un jour je fis la connaissance de deux garçons qui passaient régulièrement dans la rue d'Antibes et que je retrouvais le soir en discothèque, ils étaient très différents du monde que j'avais connu jusque là et ma curiosité m'avait poussée à faire leur connaissance.
Deux jeunes et beaux garçons, cheveux longs de l'époque, look branché style Soho, dotés d'un charisme extraordinaire, Stephane, le plus grand d'origine belgo-espagnole venait de Bruxelles, et Larry d'origine de Malaisie venait de Kuala-lumpur et ressemblait à un Indien d'Amérique.
Ils rentraient de Marrakech, peu fréquentée à l'époque.
Ils étaient de passage à Cannes avant leur retour à Londres, où ils avaient élu domicile pour leur job de mannequinat.


Je n'imaginais pas encore que ces deux-là allaient changer mon destin.


Nous faisions des projets un peu irréalistes, en rêvant de nous installer à Paris, dans un but bien précis.
Ils souhaitaient rentrer dans une compagnie de danse, mais ils avaient du chemin à faire avant d'y parvenir.
Moi j'imaginais évoluer et travailler dans le monde de la haute-couture depuis que j'avais craqué pour ce jeune couturier YSL qui faisait la une des magazines de mode et je n'avais aucune expérience dans ce domaine.


Nos rêves semblaient utopiques, alors Stéphane rentra à Londres, le premier.
Je restais deux semaines supplémentaires à Cannes avec Larry qui ne s'exprimait qu'en anglais, ce qui me permettait de pratiquer mes acquis anglophones.
Deux semaines plus tard Larry rejoignait Londres. Quant à moi, je rentrais à Roubaix que je trouvais plus sinistre que jamais, sans penser que je retournerai un jour à Cannes dans d'autres conditions, comme ambassadrice d'un couturier parisien.
En attendant de retour dans le Nord, il fallait bien retrouver une activité professionnelle et faire quelques économies, afin de retrouver mes amis à Paris dés que possible.
Ce fut les deux garçons qui s'y installèrent avant mon arrivée.
Je décidais d'aller les rejoindre ne serait-ce qu'un week-end et savoir si Paris me convenait, et je ne fus pas déçue.
J'atterrissais dans le quartier du Marais où Stéphane avait trouvé un charmant studio qu'ils avaient arrangé dans le plus pur style du Maroc, souvenir de leur séjour à Marrakech.
Nous étions 26 rue de Sévigné, pas très loin du Musée Carnavalet et nous écoutions Pink Floyd et Elton John avec cette chanson MY SONG qui m'est restée très chère,
Pour cette première soirée parisienne, nous étions invités chez la comedienne Bulle Ogier, une amie de Stéphane, et je découvrais ce monde artistique qui m'était totalement inconnu, sans me douter que les souhaits de mes deux acolytes allaient se réaliser quelques années plus tard,
L'un allait rejoindre la compagnie de danse de Maurice Béjart, l'autre Carolyn Carlson.
Quant à moi j'étais loin de m'imaginer que j'allais également concrétiser mes rêves en évoluant quelques temps après, dans ce monde très fermé de la haute-couture.