Alors voila… mon fils, mon petit garçon, à propos de tes terribles colères qui rythment notre quotidien ces jours-ci.
Ne crois pas que je ne comprenne pas ta frustration. Je me mets tout à fait à ta place, c’est vrai :
À chaque fois tu prends un peu d’initiative ou que tu mets les mains sur un objet plein de promesse ; j’arrive en courant et te dis « NON ! » d’un ton ferme et sans équivoque
Frustrant ?! JE SAIS ! Surtout quand tu n’as aucune idée de ce que tu as fait de mal.C’est pour ça que je t’explique toujours pourquoi je dis non, même si j’ai souvent l’impression que tu ne me comprends pas. (ah la frustration des retards de langage dû – peut-être ? - au bilinguisme).
C’est sur que si je buvais tranquillement mon « Chai Tea Latte » en lisant le dernier Grazia et que subitement une version géante de mon petit « French Boy» me tirait par la manche pour me mettre au coin en grommelant un truc complètement incompréhensible je serai pour le moins frustrée moi-aussi. Peut-être même que je deviendrais toute rouge et que je pleurerai mais j’ai les mots pour mettre sur tous mes maux (ou presque), et puis j’espère bien que tu m’expliquerais pourquoi tu me mettrais au coin quand même ;)
À chaque fois que tu t’aventures un petit peu trop loin à mon gout (j’imagine que c’est comme ça que tu le vois), je te dis de revenir. Et si tu n’obéis pas je te mets au coin ou je t’attache dans ta poussette en fronçant les sourcils et prononçant ce qui est désormais – il faut le dire – ton mot préféré : « NON ! ». Je le dis tout le temps, tu le dis tout le temps… on le dit tout le temps !
Il faut dire que ça doit pas être facile tous les jours d’être assis en face d’une assiette en plastique (pas comme celle de maman) remplie d’aliments qui – à ton grand déplaisir ne sont pas tous beiges – dont tu ne te souviens pas tout à fait si tu les aimes mais qui sont – ça c’est sur – trop chauds et pas assez sucrés à ton gout !
Mais tu vois maman, elle ne fait pas un porridge par personne comme dans « Boucles d’or », elle fait un porridge pour deux.
Je comprends que ça ne te plaise pas et que ladite assiette (en plastique) finisse souvent par terre mais ça a quand même un petit peu le don de m’irriter. Si, si vraiment !
Je sais aussi que ça doit être enquiquinant d’être forcé à dire « au revoir » ou « bye, bye » ou « bonjour » ou « hello » ou « merci » ou « thank you » a des gens que tu ne connais ni d’Adam ni d’Eve (enfin… en tout cas tu ne t’en souviens pas).
Et puis puisqu’on est sur le sujet du vocabulaire… quel est le pourcentage de tout ce que je dis que tu comprends ? En français ? Et en anglais ?Pour être honnête je ne te comprends pas tout à fait la plupart du temps. «Nana» pour « banane » «nini » pour «fini ». Et puis tu me parles souvent en anglais et apparemment il faut ABSOLUMENT que je ne te parle QU’EN français. Sinon tu parleras jamais français et c’est d’ailleurs entièrement ma faute si tu ne construits pas tes phrases aussi bien que les petites filles anglaises de deux ans et demi à la crèche.
Tu vois… maman aussi des fois elle a envie de taper des pieds et de hurler dans un torrent de larmes quand on lui reproche des trucs dont elle n’est pas responsable et qu’elle essaie de bien faire . C’est frustrant c’est vrai, mais faire un colère ne fait pas avancer les choses…au contraire. Quand on a des problèmes dans la vie il faut en parler.
Je compatis mon petit bout de chou, c’est pas facile d’avoir deux ans et demi et tu sais quoi ? C’est pas facile non plus pour maman de devoir toujours faire la police! Je te jure que même à deux ans et demi, il faut que tu manges tes légumes, que tu dormes, que tu fasses la sieste, que tu prennes ton bain, que je te lave les cheveux, que tu fasses attention aux voitures dans la rue, que je paie dans les magasins, que tu fasses la queue à tes cours de cirque pour monter sur le trapèze…
Tout ça pour dire mon fils, que je compatis…je comprends pourquoi tu fais autant de colères. Alors, un partout, balle au centre et fini les colères ? Ah… Si seulement !