(Columbia Records)
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Quatre ans après un premier essai transformé, l’entité Broken Bells est de retour dans les bacs avec le même objectif qu’en 2010: nous faire voyager en musique par les productions de Danger Mouse et la voix haut perchée de James Mercer.
Mais quatre ans c’est quand même long aujourd’hui, surtout lorsqu’il faut passer par la traditionnelle étape de la confirmation du second disque. Alors que les bruits autour d’un deuxième opus ont commencé à circuler en 2011, ce n’est qu’aujourd’hui qu’il débarque. Pourquoi un tel délai ? Déjà parce que les deux hommes ont d’autres projets à mener de front, les Shins pour Mercer, et tout les albums de la Terre pour le stakhanoviste Brian Burton/Danger Mouse. Et puis aussi parce que ce dernier nous a fait un petit burn-out il y a quelques temps, s’enfermant dans son appartement pour ne plus rien faire (assez incroyable à croire quand on voit son nom apparaître sur des dizaines de projets).
Une situation qui n’a fait que renforcer les liens entre eux, se promettant ainsi de sortir ce fameux album attendu par des fans plus nombreux qu’espéré après le joli succès du disque éponyme.
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Et ces fans, s’ils ont aimé le premier album, aimeront forcément le second tant il s’agit d’un copier-coller. Pour ceux qui seraient à la recherche d’ambition, c’est assez décevant quand on connaît la multitude de possibilités que peut offrir D.M à la production et ses capacités à franchir les genres avec facilité.
Sans vouloir que Mercer nous fasse du Cee-Lo Green (compère de Burton sous Gnarls Barkley), on était quand même en droit d’attendre au moins une petite évolution dans le style avec quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent. Il n’en est rien, on reste dans une forme de pop-music qui s’avère trop banale finalement, voire trop facile.
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Dès le premier titre, Perfect World, on est clairement dans les clous de ce qu’ils nous avaient offert à l’époque. Et le fait que le morceau s’étende sur 6 minutes nous fait déjà sortir plus ou moins de l’écoute et rend la suite compliquée.
On traverse d’ailleurs plus de la moitié de l’album sans trop se soucier de ce qu’il s’y passe, dans une situation passive qui n’a rien d’un point positif. Au mieux, on joue au jeu du « à quel titre du précédent disque ressemble cette track ? » ou on se dit qu’on réécoutera The Grey Album ou Gnarls Barkley, au pire l’ambiance mélancolique nous nique le restant de notre journée. Et un Holding On For Life – beau quand même – et Leave It Alone y parviendront facilement.
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Que l’on soit d’accord, ce n’est pas de la mauvaise came, loin s’en faut, mais ça manque un peu de tout. D’originalité, surtout. On est très souvent dans du déjà-vu et même lorsqu’il y a tentative de création d’un single, on est guère convaincu, After the Disco en tête.
Il faut attendre le dernier quart d’heure – quand même fâcheux – pour que les choses deviennent un peu plus intéressante avec Lazy Wonderland où l’air folk est mis au service d’un refrain efficace.
S’ensuit le morceau phare, No Matter What You’re Told, vrai tube de l’ensemble et qui devrait assurer à lui seul la pérennité relative des ventes. Pas forcément spectaculaire mais ce petit plus rock au milieu de toute cette allure au ralenti sort logiquement du lot.
On retiendra aussi le titre final, The Remains of Rock’n'Roll là aussi par la grâce d’un vrai très bon refrain et d’une production un peu plus originale pour le coup. Trop peu cependant pour rattraper le départ plus que poussif.
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No Matter What You’re Told
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The Remains of Rock’n'Roll
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Paradoxalement, alors que c’est avant tout par le travail de Mouse que Broken Bells est intéressant, c’est Mercer qui tire son épingle du jeu et permet à l’album de ne pas sombrer dans un quelconque anonymat. Le leader des Shins a vraiment de très bons moves dans l’interprétation et une science du refrain efficace. Alors il n’est pas assez tout-terrain pour permettre à son compère d’aller plus loin dans les productions mais c’est ici suffisant pour que la déception ne soit pas totale du coup.
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Retour sur la pointe des pieds pour le duo qui n’aura pas réussir à convaincre et remplir son contrat vis à vis de l’attente accumulée. After the Disco n’est pas un mauvais disque mais sa durée de vie est clairement très limitée tant il n’apporte rien qui puisse nous y faire revenir d’ici quelques mois pour une ré-écoute entière. On se contentera des bons morceaux.
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Tracklist:1. Perfect World
2. After the Disco
3. Holding on for Life
4. Leave It Alone
5. The Changing Lights
6. Control
7. Lazy Wonderland
8. Medecine
9. No Matter What You're Told
10. The Angel & The Fool
11. The Remains of Rock'n'Roll
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