Tonnerre // De Guillaume Brac. Avec Vincent Macaigne, Solène Rigot et Bernard Ménez.
Deux ans après son moyen métrage Un Monde sans Femmes, Guillaume Brac est de retour avec le long métrage Tonnerre, un film singulier autant
qu’étrange emportant avec lui Vincent Macaigne (La Bataille de Solferino) et Solène Rigot (17 Filles). Malheureusement pas
aussi bon que son précédent, Tonnerre tente de nous plonger dans une petite commune de l’Yonne où une aventure passionnelle va se transformer en torpeur générale dans la tête d’un rocker un peu
trop sentimental. L’idée n’était pas mauvaise mais dans le genre passion et déraison, les frères Larrieu ont fait mieux en ce début d’année avec L’Amour est un Crime
Parfait. La mise en scène est ici un peu trop plate et du coup le film ne parvient pas à gronder comme on aurait pu l’attendre de la part d’un film s’appelant Tonnerre.
Mais Tonnerre c’est le nom de la commune que Guillaume Brac tente de nous faire connaître. Il semble y être son coeur et son âme mais malheureusement ce n’est
pas suffisant. Rapidement on sent les limites d’un cinéma qui patauge doucement. On ne peut qu’être déçu de l’utilisation de la musique qui aurait dû être beaucoup plus électrisante sauf qu’il ne
se passe aucune alchimie du genre entre le spectateur et les sons sortant de la guitare du héros.
Un rocker trop sentimental, une jeune femme indécise, un vieux père fantasque. Dans la petite ville de Tonnerre, les joies de l’amour ne durent qu’un temps. Une disparition aussi soudaine
qu’inexpliquée et voici que la passion cède place à l’obsession.
Tonnerre part d’une rencontre qui va finir en vraie passion amoureuse jusqu’à ce qu’un drame surgisse et métamorphose notre bon vieux rocker. Ce dernier n’est pas le beau gosse
des temps modernes, dégarni et à la chevelure grasse, un peu soupe au lait vivant dans une maison à la limite de la ruine, le personnage trouve alors un peu de bonheur dans les bras d’une jeune
femme. Une jeune femme qui va lui en faire voir de toutes les couleurs jusqu’au bout du film. Le meilleur dans Tonnerre c’est quand le film tombe dans le thriller glauque (la
scène dans le parking ou encore au restaurant). Le tout s’emballe et commence alors à réveiller un spectateur qui s’était endormi devant la longueur et la lourdeur des propos. Vincent
Macaigne est pourtant quelqu’un de bon et donne d’ailleurs de la substance à un rôle qui manque de puissance. On sent d’ailleurs par moment le côté écorché de ce son personnage (ce qu’il
y a de plus fascinant) mais cela ne ressort qu’à de très rares occasions.
A ses côtés on a Solène Rigot qui m’avait beaucoup séduit dans 17 Filles et récemment dans Lulu Femme Nue. Sauf que voilà, ici elle ne sert pas
à grand chose. L’actrice est accessoirisée à un tel point que l’on n’a aucune compassion de son côté pour ce qui lui est arrivé avec Ivan et la manière dont il a pu tenter de la reconquérir.
Accro aux garçons maudits, cette femme ne sait pas sur quel pied danser et c’est ce jeu qui anime un film qui aurait mérité d’être beaucoup plus sombre. Dans des décors plutôt jolis (notamment
toute cette neige, ces paysages franco-français que l’on n’a pas nécessairement l’habitude de voir tous les jours au cinéma), Guillaume Brac montre ici ses limites et c’est bien
dommage. Derrière le côté ultra synthétique et anecdotique de cette histoire se cache donc un film qui n’a finalement pas grand chose à dire au spectateur et c’est bien dommage. Aussitôt vu
aussitôt oublié donc.
Note : 4/10. En bref, si certaines choses ont une qualité indéniable, le film ne gronde jamais et fini par tomber dans l’oubli. Dommage.