Couchers difficiles

Publié le 03 février 2014 par Encoreunblogdemere

Je crois qu’on ne pas faire plus éloquent, niveau titre.

Depuis ses 5 ou 6 semaines, miss S. nous a donné la bien mauvaise habitude de ne pas appréhender l’heure du coucher. Cette petite marmotte avait beau pleurer beaucoup le jour, une fois la nuit venue, le silence était sacré. On la posait dans sa nacelle/son lit incliné (et plus tard son lit tout court) et hop, les yeux se fermaient, la nuit démarrait… au moins 12 heures de repos pour tout le monde.

Plus tard, c’était elle qui réclamait le lit et nous disait au revoir, nous congédiant de sa chambre même quand on voulait y rester. A 20 heures, extinction des feux, circulez, y’a plus personne.

Et puis il y a eu le mois d’Août 2013, où elle a successivement quitté sa nounou, retrouvé maman pour 2 semaines en tête à tête, puis fait une escapade à Center Parcs dans un lit inconnu, pour rentrer à la crèche (inconnue elle aussi) au retour. Quand j’y réfléchis, ses angoisses ont commencé à ce moment là. Pendant nos vacances, il n’était pas rare qu’on attende à côté de son petit lit à barreaux qu’elle s’endorme, le soir et l’après midi. Nous mettions cela sur le compte du changement de lieu et d’habitudes. Nous ne faisions que répondre à un besoin.

L’adaptation à la crèche a été rude et le soir, Liloute hurlait de peur dans son lit qu’on ne l’abandonne. Des pleurs de terreur, inconsolables. Et chaque soir, une à deux heures à son chevet pour l’apaiser et qu’elle trouve enfin le sommeil.

Depuis, c’est toujours un peu pareil. Sauf que la peur n’est plus vraiment là, mais elle ne voit pas trop pourquoi on arrêterait de l’accompagner dans le sommeil après des mois. Et nous qui ne savons pas si elle peut faire autrement, du coup, on continue sans en être convaincus… Comme beaucoup d’enfants de son âge, elle fait trainer le moment de la séparation et de l’endormissement : « Maman mon bibi » Maman un bisou » Papa calin » « Je veux faire pipi »… etc.

Certains soirs, nos nerfs sont mis à rude épreuve. Où sont donc nos soirées en amoureux ? On finit par se refiler la corvée de mauvaise grâce, en appréhendant ce moment délicat, et elle le sent. Pour les siestes, c’est pareil, si bien que parfois, au bout de 2h de pleurs et de négociations, elle n’en fait pas. La fatigue, les hormones, la lassitude font que je ne suis pas toujours la mère aimante et patiente que je voudrais et devrais être. Je crie, je m’énerve, je quitte la chambre sans prévenir. Et les pleurs redoublent…

Parfois, on y arrive dans le calme, en 15 minutes. Elle s’endort vite et on quitte sa chambre sur la pointe de pieds. D’autres, on y passe la soirée, à se relayer pour éviter de craquer.

Tout à l’heure, comme tous les lundis après midi, alors que j’étais seule avec elle, je lui ai proposé de lire un livre avant de dormir. De choisir quelle veilleuse allumer. Si on fermait ou non les volets.

« Maman, à côté ! »

J’ai soupiré mais je me suis assise. J’ai décidément trop envie de me reposer, trop mal au dos, aux ligaments. Liloute s’est mise a danser, sauter, chanter dans son lit. J’ai haussé le ton : soit elle se repose calmement, soit elle fait la folle, mais seule. Dans ces moments là, elle entend mais n’écoute pas. Elle est peut être trop contente d’être rien qu’avec moi…

Elle a continué, j’ai senti l’angoisse et la colère monter. Alors j’ai chuchoté.

Oui, ça fait tout autant d’effet que de crier. Voire d’avantage.

« Ecoute bien, chérie. J’en ai marre que ça se passe comme ça, c’est fatigant pour toi, pour moi, pour tout le monde. Je n’ai pas envie de m’énerver, je n’ai pas envie que tu pleures non plus. Alors je vais aller m’allonger dans mon lit, pour me reposer, et tu restes dans ton lit à te reposer toi aussi. Tu as compris ? »

A ma grande surprise, elle s’est allongée sur le dos pendant mon monologue et m’a regardé droit dans les yeux. Elle a fini par hocher la tête en signe d’approbation. Je suis allée me coucher et elle s’est mise à chanter.

Joyeux anniversaire, pendant 15 minutes, décliné pour tous les prénoms qu’elle connaît.

Je suis restée allongée, j’ai pris mon téléphone et j’ai surfé pour ne pas y aller et relancer la crise. Après tout, elle chante, où est le mal ?

Jusqu’à ce que je remarque qu’elle ne chantait plus… Sur la pointe des pieds, y croyant à moitié, j’ai traversé ma chambre, le couloir et…

Dodo, l’enfant do…

Peut être qu’il suffisait de parler, d’expliquer, de la laisser s’endormir comme elle le souhaitait… Au lieu de la polluer avec mon stress… A méditer.