Je m’efforce à regarder toujours plus loin, derrière les lamentations inutiles, les mécontentements qui ne devraient pas être et la saleté qui déguise les rues au printemps. Au-delà des comportements misérables dus à la souffrance, je vois la beauté du monde. Après tout, la beauté est une notion abstraite pour chacun de nous. Dans le regard que je pose, la beauté se trouve là où le soleil, en plein jour, perce les nuages. Je la perçois aussi dans l’obscurité de la nuit, dans les couleurs de la vie, dans la simplicité, dans votre sourire.
Tout au long de mon parcours, l’ombre de ma silhouette me suit ; elle porte en elle les teintes du passé. Je ne veux m’en défaire ni l’oublier. Elle est là, et je sais qu’aux côtés de l’ombre jaillit toujours la lumière. Il me faut voir au-delà. Les expériences me sont bénéfiques. Quand les pierres obstruent la route, je les empile les unes sur les autres pour former une sculpture. Dans mon imaginaire, ce personnage ressemble à un inukshuk : empilement de pierres construit par les peuples inuit et yupik dans les régions arctiques d’Amérique du Nord. Il grandit avec les années, me rappelle qui je suis et sert de point de repère.
Nous pouvons tous rejoindre l’étoile qui à première vue nous semble inaccessible. La rêverie n’a aucune frontière, elle nous tient éveillés. Certains veulent voyager, du Grand Nord canadien aux forêts vierges de Komi, d’autres souhaitent retrouver la santé. Plusieurs femmes aimeraient connaître les joies de la maternité et seraient comblées à l’idée de tenir la main de l’être aimé. Je veux continuer à sourire, aimer, créer, partager et apprécier le silence. J’aime regarder avec mes yeux d’enfant. Quand l’eau fracassera les rochers en pleine tempête, je me relèverai. J’accueillerai ce que la vie m’offrira.
Chaque matin, j’assiste au lever du soleil. Lors de la saison chaude, j’aperçois le reflet qu’il propose sur les eaux limpides du lac Saint-Jean, et l’hiver, mon regard est ébloui par le blanc immaculé des glaces. N’étant pas à l’abri de la maladie, je pense souvent à ceux qui luttent au quotidien dans l’espoir de guérir. Ces gens-là vivent le moment présent et ne se permettent pas de perdre le sourire… du moins, à la lumière du jour.
Virginie Tanguay