De: Ananda Devi
Quatrième de couverture des Éditions Gallimard: « Celui qu’on dit monstre est l’expression la plus achevée de l’espèce. Celui que l’on dit monstre est terrifiant de beauté plutôt que d’être terrifiant tout court parce qu’il décèle avec une finesse inhumaine les failles des autres et les élargit et les aggrave, et il devient ainsi cet idéal de sombre masculinité que les mythologies prêtent aux dieux et aux démons. Quelle merveilleuse sensation que de plier une créature à sa volonté ! » Dans une maison sur l’île Maurice, un vieux médecin à l’agonie est veillé par sa fille et par sa petite-fille. Entre elles et lui se tisse un dialogue d’une violence extrême, où affleurent progressivement des éléments du passé, des souvenirs, des reproches, et surtout la figure mystérieuse de la mère de Kitty, l’épouse du « Dokter-Dieu », qui a disparu dans des circonstances terribles. Elles ne le laisseront pas partir en paix.
Mon avis:Le roman Eve de ses décombres,du même auteur,m’avait laissé sans voix de par sa violence,sa noirceur.La plume d’Ananda Devi laisse dans son sillage un parfum doux amer.L’auteure nous révèle avec réalisme et sans concession,l’île aux deux visages:L’Ile Maurice.
Le sari vert n’est pas moins bien écrit bien au contraire.Néanmoins,l’atmosphère de ce livre ou de cette histoire m’a fortement déplu.Cette dernière nous prend à la gorge et mine quelque peu le moral.Le lecteur se retrouve bien malgré lui dans cette maison à Curepipe,cette maison qui sent la mort,les non-dits et la haine(et le moisi).Généralement,quand un aspect du livre me déplait,j’essaie de me rattacher à un point positif qui peut être un personnage.Ici,je pensais juste à la page suivante et qu’une page tournée était une page de moins à lire et que le supplice n’était pas loin.Paradoxalement,à des moments je reprenais espoir et j’avais vraiment envie de me plonger dans ce roman et l’instant d’après,je retombais dans ce mal être livresque.D’habitude,je ne me fais pas autant de mal,j’arrête illico presto la torture mais j’avais envie j’avais besoin de voir le père mourir.D’ailleurs,je n’ai jamais autant détesté un personnage ;Tatie Daniel à côté est un ange.
La figure paternelle me révulsait,me révoltait de par son machisme et sa misogynie.Cet homme qui a semé la terreur et la douleur chez sa femme puis sa fille de sorte que cela menace tout l’équilibre familial et ce,sur plusieurs générations.Cet homme qui tape sa femme parce qu’elle a mal cuit le riz mais au fond,il l’a puni car elle est une femme tout simplement.Et depuis l’origine des temps,une femme cela péche.Une femme est belle,elle péche,elle veut séduire elle péche.En fait,une femme ne devrait jamais être belle,sa place est à la maison pour faire le ménage et la cuisine.Une femme çà ne pense pas,çà n’étudie pas.Çà ne connaît rien aux affaires et à la vie.A contrario,un homme est naturellement intelligent,droit et bon.Il ramène les sous à la maison et c’est lui le maitre.C’est lui le dominant,c’est lui qu’on doit vénérer,aduler,respecter et aimer.Je ne me leurre pas sur le fait que des hommes comme çà existent encore mais cela me rend en colère et triste.Je me demande comment peut-on avoir ce regard humiliant,de mépris envers la femme et surtout aujourd’hui.Je n’accepte pas du tout cet état de fait,cette idée.J’ai eu beau essayé au cours de ma lecture de passer outre cet aspect-là mais je n’ai pas vraiment réussi.Et quand je reprenais ce livre,ce n’était pas parce que je voulais mais je me sentais quelque part obligée de continuer.Pour sa fille,sa petite fille ou peut-être pour toutes les femmes salies,maltraitées.Oui,je me disais que peut-être dans cette histoire le bien triompherait pour changer.Quand j’ai fini la dernière page,je me suis sentie pas plus apaisée pour autant mais un peu plus libre.J’ai mis le roman sur ma table de chevet,l’esprit encore préoccupé.J’étais incapable d’écrire la moindre critique et d’émettre un avis objectif ou non sur la question(pas sûr que je l’ai été là maintenant).C’était impossible de parler de cette œuvre et d’écrire la moindre ligne dessus.C’est étrange le pouvoir d’un livre!Par la pensée,j’ai détesté cette maison et cet homme qui n’en finissait pas de répandre autour de lui la méchanceté.J’ai détesté Curepipe aussi alors qu’en vrai,je l’ai visité certes rapidement mais à part l’humidité ambiante,je l’avais trouvé plutôt accueillante.Ici,elle était pour moi synonyme d’étouffement,d’agonie,de perversité et de malaise.Je n’avais qu’une idée en tête sortir de ce huis clos,cette maison hantée par les fantômes du passé,les secrets.Et enfin,partir sans un regard pour ce que je laissais derrière moi.
Vous aurez peut-être l’impression en lisant ma chronique que le sari vert est un livre d’horreur.Il n’en est rien ou peut-être que si finalement.Mais ici,l’horreur revêt l’habit le plus sournois et le plus excusable(a-priori),celui de la déchéance du corps.Mais,ne vous y trompez pas certaines âmes humaines malades ou non ne s’avouent jamais vaincus.En effet,elles sèment jusqu’à la fin,jusqu’à leur dernier souffle le poison de leur être…
8 sur 20
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Eve de ses décombres