Chronique : Mademoiselle Frankenstein

Mythique créature de fiction, Frankenstein, l’un des chefs d’œuvre de la littérature fantastique écrit en 1816 par Marry Shelley, fascine et hante toujours l’imaginaire collectif.

Mais que connaissons-nous de l’auteure, une jeune femme de 19 ans, qui donna naissance à cette terrible histoire et inventa une tel monstre ?  Qui est véritablement ce monstre : la créature ou son créateur ? Tel est le mystère que cherche à élucider, Mademoiselle Frankenstein, une pièce de Thierry Debroux, mis en scène par Frédéric Gray et Géraldine Clément, actuellement à la Folie théâtre.

Nous sommes en 1816, lors d’une fameuse nuit d’orage à Cologny en Suisse, le poète Shelley et son épouse Mary se sont lancés le défi mutuel d’écrire une histoire d’épouvante qu’elle remporte. Marry Shelley donne vie à ce célèbre personnage du « Docteur Frankenstein », capable de recréer la vie à partir de cadavres.

Quinze ans après, Marry revient alors sur les lieux où cette terrible histoire vit le jour, attirée par un étrange Lazarro Spallanzani, prétextant vouloir lui remettre des pages du manuscrit de son défunt mari. En échange des ces écrits, cet inquiétant Lazarro interprété avec brio par Frédéric Gray veut à tout prix comprendre ce qui a poussé une si jeune femme de 19 ans à créer cette terrifiante histoire.

Un terrible secret qu’il tente de percer en usant tour à tour de pouvoir et de séduction face à une Marry Shelley, Christelle Maldague, à la fois hautaine et déterminée à masquer avec talent une certaine part de fragilité.

Dans une atmosphère mystérieuse qui navigue entre fiction et faits historiques, nous sommes entraînés dans un huit-clos captivant, à l’affût des révélations de ces deux personnages énigmatiques et pourtant si profondément humains. Plongés dans un univers inquiétant où la mort et la création tissent ses mystères, les protagonistes s’engagent tour à tour dans le rôle de dominé dominant.

Un duel éprouvant de manipulations et de confessions qui cherchera à déjouer la part d’ombre que chacun des deux tente d’enfouir au plus profond de son âme.

Jeux d’ombres et de lumières, décors, sonorités, tout est réuni pour servir l’intrigue de cette quête introspective et philosophique, brillamment mise en scène et interprétée par un duo d’acteur hypnotisant. Au détour de fantaisie, de réalisme d’ironie et face aux limites du progrès scientifique, Mademoiselle Frankenstein, nous emporte au cœur d’un récit original, analytique et fascinant.

Une pièce passionnante, bien loin des adaptations habituelles, à découvrir absolument.

Mademoiselle Frankenstein, A la Folie Théâtre, les vendredis et samedis à 21h, jusqu’au 1er mars 2014.