Par le Parisien libéral.
Parmi ces sujets, il y a toute une liste de sigles (IVG, PMA, GPA) et de mots (euthanasie). Mais s’il y a un sujet qui fait « rire », c’est celui des hésitations de la gauche socialiste sur l’égalité.
En effet, d’où vient tout ce débat sur le mariage pour tous qui agite tant depuis 2 ans ? Dans la vision classique des choses (vision « rétrograde », diront certains), l’altérité sexuelle est la base de la constitution de la famille : un homme et une femme font des enfants, dans le cadre du mariage ou de plus en plus hors mariage.
Or, il se trouve que la réalité actuelle est plus diverse. Des couples homosexuels, dont les choix privés, qu’ils soient génétiques ou culturels sont de leur ressort strictement personnels et que personne n’a à juger, ont également des enfants. Comment ? Pourquoi ?
- Soit parce qu’un des partenaires anciennement hétérosexuel et parent dans son précédent couple a amené son enfant dans un couple homosexuel,
- Soit parce que l’une des partenaires hétérosexuelles a rencontré un géniteur, d’un soir ou pas, de diverses façons (après tout, le phénomène des « mères célibataires » est-il rare ?),
- Soit par adoption initiée par l’un des deux partenaires, puisque de par la loi ou de par la tradition, dans la plupart des pays, n’adoptent que des couples, ou des célibataires hétérosexuels.
Le fait est que des parents gays élèvent des enfants. Or, sur le plan juridique notamment, la situation n’était pas très satisfaisante pour les personnes concernées, tout comme la situation des beaux parents est, sur le plan juridique, peu satisfaisante, ceux-ci n’ayant aucun droit. On peut penser, notamment, au cas des sorties d’école, quand le nouveau parent, beau-père ou belle mère, vient chercher l’enfant.
Hollande, poussé par les militants gays, est arrivé avec un projet simple : assurer l’égalité de droits entre adultes consentants voulant se marier civilement tout en sortant de l’hypocrisie qui consiste à laisser adopter des enfants par des adultes célibataires mais pas par des adultes gays.
Nous sommes à présent en février 2014. La loi n°2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe dite « Taubira » est adoptée. Les couples gays peuvent se marier et adopter.
La loi n’a pas encore modifié la biologie : deux homosexuels ne peuvent avoir d’enfants ensemble. Mais la science permet de pallier cet inconvénient. Deux hommes doivent adopter (trouver une génitrice), ou deux femmes doivent trouver un géniteur (un papa au sens classique du terme). C’est la gestation pour autrui (GPA), et la procréation médicalement assistée (PMA). Ces deux techniques ne sont d’ailleurs pas liées à la communauté gay. Elles existent, en France pour la PMA, pour les couples qui rencontrent des problèmes de fertilité, ou à l’étranger pour la GPA, pour les couples hétérosexuels dont la femme ne veut pas ou ne peut pas porter un enfant pendant 9 mois.
C’est pourquoi l’égalité entre couples gays et couples hétéros passe par l’ouverture de la PMA et de la GPA, et c’est une demande des associations militantes. Par exemple : Homosexualité Et Socialisme (HES) propose de dépénaliser la gestation pour autrui.
Mais la GPA est un point de discussion entre les différentes composantes de la gauche. Pourquoi ? Parce que la gauche se définit aussi comme étant « anti-capitaliste » et ne veut donc pas voir, pour une partie d’entre elle, de « marchandisation du corps des femmes ».
C’est pourquoi le gouvernement a fait évoluer le statut du mariage mais pas celui des accès médicalisés à l’enfant.
Autrement dit, le gouvernement, qui a porté le projet de loi du mariage pour tous, ne veut pas aller au bout de la logique de l’égalité, celle que Pierre Bergé ou Élisabeth Badinter ont décrit.
Il n’y a pas de projet de loi sur la table qui propose d’introduire la PMA ouverte aux couples gays et la GPA dans le droit français. La Manif pour Tous de dimanche a donc manifesté contre une virtualité, certes possible (de nombreux élus veulent changer cela) mais pour le moment non avérée.
En revanche, le gouvernement, par le biais de Valls, Bertinotti ou Belkacem, a dit et répété que la quête d’égalité s’arrêtait là, pour le moment. Autrement dit : ce sont les électeurs de François Hollande, notamment ceux qui tiennent à l’égalité entre couples hétérosexuels et homosexuels qui auraient dû manifester dimanche dans les rues de Paris.
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Sur le web.
Lire aussi : Sur le blog de l’auteur, Gestation pour autrui (GPA) : ils font rire, ces socialistes…