Dans Huitième proie, c’est David qui nous emmène découvrir sa mission. Chasseur de succube de générations en générations, il a cette capacité de repérer, en rêve, et d’attirer ces démons femelles qui séduisent les hommes avant de les tuer. Il a déjà débarrassé la ville de sept de ces créatures. Et son rêve vient de le lui annoncer: la huitième ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez. Il connaît même son nom: Léana. Mais lorsqu’elle débarque à Paris, Léana, timide et attendrissante, n’a rien d'un démon et David est prêt à succomber à son charme.
Dans Les Larmes de Thétys, Graham, chasseur de venin, se contente d'habitude de capturer serpents et grenouilles recherchés pour leurs vertus médicales. Il est pourtant embauché pour retrouver une jeune femme. Une jeune femme qui ne serait pas tout à fait humaine, d’après son employeur. C’est par un drôle de hasard qu’il se retrouve dans une chambre d’hôtel avec Astrid, précisément la jeune femme qu’il recherche. Mais s’il va jusqu’au bout du contrat et la livre à ses poursuivants, il craint que son sort ne soit pas aussi agréable que ces derniers l’ont laissé entendre.
Dans Kill them all, les sous-sols de Paris deviennent de véritables coupe-gorges. Dans les catacombes ou dans le futur métro en construction, des gens disparaissent en laissant les murs éclaboussés de sang. Ange Bernier, policière au 36, quai des Orfèvres, s’enfonce dans dans les profondeurs de la capitale. Du haut de son domicile du Marais, c’est un autre chasseur, Auguste, Lord Duvaldelacour, qui observe Paris et sent que quelque chose d’anormal est arrivé en ville.
J’ai trouvé ces trois mini-romans de qualité assez inégales. Heureusement, elles sont placées dans un ordre qui les mets en valeur. La première ne m’a clairement pas emballée. J’ai trouvé la structure plutôt habile: on alterne le point de vue de la fille chassée, le point de vue du chasseur et les souvenirs du chasseur expliquant comment sa mission lui est venue. Son histoire est d’ailleurs plutôt touchante: c’est lui qui, après avoir appris la vérité de son grand-frère sur son lit de mort, raconte à son petit frère les mésaventures d’une famille poursuivie par des démons. Cependant, j’ai été très gênée par le style. Les scènes de sexe notamment (oui, parce qu’un succube, c’est un démon très porté sur le sexe) m’ont semblée assez cliché, parfois limite froides. C’est bien dommage car tout le principe du succube repose sur cette dualité sexe-violence et là, ça ne fonctionne pas très bien. Mais c’est surtout le langage utilisé par David dans ses récits à son petit frère qui m’a déplu tant il manquait complètement de naturel et de crédibilité. J’en étais franchement gênée, y compris par quelques fautes de Français qui ont toujours tendance à gâcher ma lecture.
La suivante m’a un peu plus plu, dans la mesure où elle se lit de manière plus fluide, construit une histoire intéressante et surtout, fait la part belle à l’action. Course-poursuite, retournements de situation, bagarre, elle fait défiler les pages avec plus d’intensité. Elle propose également une vision sombre, où le chasseur de créature n’est pas le sauveur attendu mais un véritable tortionnaire prêt à tout pour extorquer à sa proie tout ce qu’elle peut lui fournir d’intéressant. Cependant, son interprétation de la mythologie m’a semblée trop imposante pour une petite structure comme le mini-roman et du coup, ne m’a pas convaincue car elle semble un peu bâclée.
La troisième est clairement la meilleure. Elle commence par multiplier les scènes sanglantes d’agressions dans les sous-sols aussi variés que les catacombes, les cryptes du Panthéon, le métro ou une cave, sans nous expliquer clairement de quoi il retourne ni nous donner tout de suite le lien entre les scènes. La tension monte donc peu à peu. L’intervention cartésienne et terre-à-terre de la police crée un contrepoint très appréciable avec le fantastique et surtout, la policière est un personnage superbe: froide, forte, cinglante, elle n’hésite pas à mettre les créatures de la nuit qu’elle va croiser devant le côté désuet et pompeux de leur situation, créant un second degré dont je suis très cliente. Là, encore, l’action est au rendez-vous et on nous entraîne de bagarres dans le ventre de la terre en affrontement au sommet de la tour Eiffel. J’ai d’ailleurs apprécié que l’on nous promène dans des lieux emblématiques de la capitale qui prennent ici un véritable rôle dans l’histoire, faisant de Paris un personnage bien présent. Pour celle-là, je signe!
La note de Mélu:
Des histoires inégales, malgré de vrais bons passages. Merci aux éditions
Un mot sur les auteurs: Amandine Forgali, Danielle Guisiano et Jean Vigne signent ces trois mini-romans.
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