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Un long pied nu sur ma bouche
Un long pied contre le cœur
Tu es ma soif, ma fièvre
pied de whisky, pied de vin
pied fou de terrassé
Ô ma cravache ma douleur
talon très haut me terrassant
je pleure de ne pas mourir
Ô soif, inapaisable soif
désert sans issue
Sous l’aile bourrasque de mort où je crie
aveugle, à deux genoux
et les orbites vides
Couloirs où je ris d’une nuit insensée
couloirs où je ris dans le claquement des portes
où j’adore une flèche
et j’éclate en sanglots
Le coup de clairon de la mort
mugit dans mon oreille
Au delà de ma mort
un jour
la terre tourne dans le ciel
Je suis mort et les ténèbres
altèrent
le sans finir avec le jour
L’univers m’est fermé
En lui je reste aveugle
accordé au néant
Le néant n’est que moi-même
L’univers n’est que ma tombe
Le soleil n’est que la mort
Mes yeux sont l’aveugle foudre
mon cœur est le ciel où l’orage éclate
En moi-même
au fond d’un abîme
l’immense univers
est la mort
Je suis la fièvre
le désir
je suis la soif
la joie qui retire la robe
et le vin qui fait rire de n’avoir plus de robe
Dans un bol de gin
une nuit de fête
les étoiles tombent du ciel
Je lampe la foudre à longs traits
Je vais rire aux éclats
la foudre dans le cœur
Georges Bataille