Les actions entreprises jusqu'alors pour redresser la barre, en particulier sous la pression réglementaire, doivent être considérées comme les impératifs d'hier. Aujourd'hui, les nouveaux enjeux auxquels il faut faire face sont ceux de l'économie numérique, induisant des changements extrêmement rapides dans le monde qui nous entoure. Les institutions qui restent passives ou, pire, qui résistent à cette transformation subiront à terme le funeste sort de leurs homologues des secteurs du livre, de la musique, de la photographie…
En un mot, les banques doivent, de toute urgence, passer d'une position défensive à une stratégie offensive. Et les technologies seront inévitablement au centre de la plupart des initiatives à mener : évolution des modèles de relation client (approches « multi-canal »), maîtrise et exploitation des gisements de données (« big data »), appropriation des concepts émergents (« cloud computing » en tête)… On retrouve là, naturellement, tous les grands sujets d'innovation du moment.
Mais le raisonnement peut être poussé encore plus loin. En admettant qu'il est plus pertinent de se préparer à la prochaine crise plutôt que de continuer à mettre en place des barrières (de plus en plus redondantes) contre les causes de la précédente, les auteurs de l'étude suggèrent que le champ de bataille doit se déplacer d'urgence sur le terrain de l'informatique. Car la valeur des données bancaires et l'attractivité qu'elle a pour les cybercriminels, ainsi que la complexité et l'hétérogénéité des systèmes, constituent des facteurs de risque majeurs.
En conséquence, le « fardeau » de l'informatique ne peut que croître dans l'entreprise, autant pour éviter les catastrophes annoncées que pour permettre le nécessaire passage à l'offensive. Cette combinaison tragique impose d'adopter de nouvelles approches dans les DSIs (« Directions des Systèmes d'Information ») : finies les réponses aux demandes internes, focalisées sur le nombril de l'organisation, il faut désormais traiter les besoins du métier et apprendre à satisfaire directement les attentes des clients.
En pratique, ces exigences vont peser lourdement sur les orientations stratégiques des banques. En priorité, la modernisation devra s'attaquer aux plates-formes cœurs (core banking), qui ne sont plus à même de prendre en charge efficacement les demandes des clients – notamment en termes d'agilité – ni les obligations réglementaires. A la faveur de ces réflexions, le « cloud computing » devient une option sérieuse, en dépit des hésitations des responsables, qu'elles soient dues à leurs habitudes historiques ou à leurs craintes plus ou moins rationnelles, en particulier pour la sécurité.
Parmi les autres thèmes critiques, il est impossible de ne pas revenir sur l'exploitation des données – que ce soit en vue, par exemple, de l'amélioration des analyses de risques ou pour améliorer la connaissance des clients, anticiper leurs attentes et optimiser la relation – ainsi que sur les enjeux de la cybersécurité, face à des menaces multi-formes, de plus en plus technologiquement avancées et potentiellement hautement disruptives, non seulement pour les banques mais peut-être aussi pour les économies dans leur ensemble.
Les efforts de ces dernières années en direction d'une meilleure maîtrise des risques et d'une réduction des coûts ont certes donné des résultats positifs mais, de toute évidence, ils ne sont pas vecteurs de croissance. Pour espérer développer leurs profits, voire pour simplement survivre, les banques doivent entamer – maintenant – une véritable révolution culturelle. Celle-ci ne pourra s'opérer sans une profonde compréhension – et l'intégration au cœur des stratégies – des technologies, et des opportunités qu'elles portent.