Il faut parfois soulever des tonnes de ciel gris pour débuter une semaine, pour marcher dans le vide d'un emploi que l'on attend. Mais il y a aussi cette magie tout particulière liée au soleil, celui qui se pose dans le ciel bleu, fort et chaud, qui nous réchauffe derrière la vitre d'un bar dans l'attent d'un rendez-vous.
Chocolat chaud, une tartine de beurre salée et de la confiture maison de groseilles, un journal, un bloc de papier, un crayon, des mots.
Mais pour accompagner les points et les virgules, les consomnes et les voyelles, il y a ma première source : mes yeux. Tatillons parfois, quand ils aperçoicent en un millième de seconde un collant filé, moqueurs aussi quand le jean devient un sac à provision, non pas par la morphologie de la personne, mais par son inaptitude à s'habiller correctement. Ils viennent prendre un café, elles sont les collègues, seules ou entre copines. Et moi, je suis le chat qui écrit, entre le soleil et le bruit de l'expresso, une ombre.
Des yeux qui rencontrent un manteau, qui se pose sur le dossier de la chaise d'à côté, un regard vers cette robe, trop rare car de couleur crème, chic avec cette fine ceinture de cuir noir, là sur sa taille. Une belle quadra, deux cafés pour elle, son ordinateur, son élégance dans sa chevelure blonde. Détail supplémentaire, un soyeux collant opaque noir dans des chaussures à brides bicolores avec un duo crème et blanc. Une féminité comme je les apprécie, une femme active déjà connectée sur son clavier, devant son écran.
Deux tables plus loin, je vous évite les turfistes et tenue plus rustiques, les amateurs du journal des sports qui débattent avec force, une autre jeune femme, un peu triste, enroulée dans une doudoune chaude, après son café, elle retire enfin celle-ci. Elle est encore dans le froid, peut-être est-elle venue à pied ici dans le vent d'hiver. Une tunique en laine avec dégradé de gris, une large ceinture, presque un corset court, des bottes hautes, et toujours cette tristesse dans ses yeux, elle semble perdue.
Et moi, je pousse mes mots, je vous les livre un peu tard ce soir.
Nylonement