Dans un ronron médiatique de tout repos pour elle, Hidalgo a affirmé que son mirifique plan d'investissements de 8,5 milliards d'euros d'ici 2020 serait financé par des économies on ne peut plus fumeuses. Elle table sur des recettes totalement irréalistes à moins de recourir à une hausse discrète de la fiscalité. Mais ce qu'elle prévoit surtout de faire et qui a échappé à tout le monde, c'est de continuer à endetter massivement Paris.
Bref, un programme aussi sincère que celui de Hollande à la présidentielle de 2012, où il n'était question que de s'en prendre à la finance et de compter sur le retour de la croissance. Deux ans plus tard, on a vu le résultat s'agissant de Hollande. Pour le projet d'Hidalgo, ce serait encore plus catastrophique.
Quelles sont les économies ? Tout est flou, comme dans le projet pour la France de Hollande il y a deux ans.
Hidalgo enfile les promesses incantatoires : "les mesures que nous préconisons sont parfaitement réalisables : mettre en œuvre une gouvernance simplifiée ; accentuer la réduction des coûts de gestion ; optimiser l’utilisation des équipements et services existants ; et récolter les fruits des investissements en matière d’innovation qui amélioreront les services rendus aux Parisiens tout en ayant un effet direct sur les coûts de gestion (dématérialisation et simplification des procédures, par exemple)."
Tout cela n'est évidemment pas quantifiable et ne veut rien dire. Les seuls éléments précis sont la réduction du nombre d'adjoints à 20, ce qui ne changerait pas grand chose sur le plan budgétaire si les élus subsistants s'appuient sur des cabinets qui grossissent car leurs délégations s'élargissent. Or, aucun engagement n'est pris sur la seule chose qui compte : la masse budgétaire affectée aux adjoints au maire. De toute façon, ces dépenses sont dérisoires au regard du budget de la ville et de ses satellites. Cette esbroufe fait furieusement penser à la réduction du salaire des ministres, promesse de Hollande qui, du fait de la suppression des secrétariats d'Etat, n'a pratiquement fait faire aucune économie.
Pour trouver de l'argent, Hidalgo prévoit surtout un montant mirifique de cessions de biens et participations de la ville : 200 millions d'euros par an. Hélas, les quelques ventes qu'elle a conclues ou influencées depuis 13 ans, en tant qu'adjointe à l'urbanisme ou élue du 15ème, telles celles du bail emphytéotique du Forum des Halles ou de Beaugrenelle se sont soldées par des affaires en or pour les acheteurs privés et une ville se faisant rouler dans la farine, voir par exemple en cliquant LA. De plus, le 1,2 milliard de recettes sur 6 ans est tout simplement hors de toute échelle avec le seul exemple concret mentionné : le bâtiment de Sully-Morland qui, dans un contexte de crise immobilière grandissante à Paris, est évidemment très loin d'atteindre pareille somme.
Quant à la promesse d'être intraitable avec les contractants privés de la ville, elle est hilarante : la Chambre régionale des comptes a passé son temps à expliquer comment, pour Vélib' par exemple, Hidalgo et sa bande ne vérifiaient même pas l'exécution du contrat par Decaux. Hidalgo pousse même l'outrecuidance jusqu'à mentionner des recettes accrues sur l'affichage public alors que les concessions viennent tout juste d'être renouvelées dans des conditions très favorables aux afficheurs.
Bref, une vaste arnaque.
Mais cela n'est encore rien si on prend la peine d'examiner les deux esbroufes majeures d'Hidalgo.
La première concerne les droits de mutation (dits communément frais de notaire) qui furent l'une des sources principales ayant financé les gaspillages gigantesques des mandatures Delanoë. On sait que depuis 13 ans, grâce à la bulle immobilière, les socialistes ont disposé de plus de 5 milliards d'euros dont Tiberi n'avait eu le bénéfice, toutes choses égales par ailleurs.
Mais ces droits sont en forte chute, du fait de la baisse des prix et des transactions. Pourtant, Hidalgo fait semblant de croire qu'ils continueront à dépasser le milliard d'euros par an. Or, si les ventes reculent, il lui faudra augmenter leur taux, ce qu'Hollande a permis subrepticement aux départements de faire, en faisant passer la jauge de 3,8 à 4,5 % du montant de la vente. Le programme d'Hidalgo est étrangement discret sur cette question. Il est simplement question d'un maintien des taux des "impôts locaux". Les droits de mutation n'en étant pas stricto sensu, voilà une fiscalité occultée.
Pis encore, les projets d'Hidalgo en matière de logements clientélistes, dits sociaux, doivent engager la ville à hauteur de 2, 5 milliards d'euros en 6 ans, afin d'atteindre l'inepte taux de 30 % concédé aux communistes. Dans ces conditions, le marché privé sera asséché à due concurrence et les droits de mutation espérés ne pourront être au rendez-vous. Bref, la politique d'Hidalgo en matière de logement social entre en contradiction avec ses prévisions de recettes fiscales.
Mais le plus dur est pour la fin.
Que nous dit Hidalgo en matière d'endettement ? Lisez attentivement : "Nos ratios d’endettement resteront inférieurs à ceux des grandes villes françaises : 41 % quand la moyenne des villes de plus de 100 000 habitants atteint 78 %."
De manière assez vicieuse, elle ne s'engage pas clairement à ce que le taux reste à 41 %. Tout au plus à ce qu'il ne dépasse pas celui des autres grandes villes, actuellement à 78 %. La réalité se cache en partie dans un autre document où il est question du financement des investissements par l'emprunt à hauteur de 200 à 300 millions d'euros par an. D'abord, on appréciera l'approximation : un tiers ! Ensuite, 300 millions par an, sur 6 ans, représentent un recours à la dette de 1, 8 milliards. Pour mémoire, l'encours de la dette était d'environ 3,2 milliards d'euros fin 2012, ayant plus que triplé depuis 2001, malgré les recettes fiscales massivement augmentées.
Là où l'étrangeté est à son comble c'est qu'aujourd'hui l'annuité de la dette parisienne, capital et intérêts, atteint près de 300 millions d'euros. On ne comprend donc absolument pas comment Hidalgo peut prétendre financer ses investissements supplémentaires par des emprunts nouveaux.
Economies budgétaires bidons, hausse de l'endettement énigmatique et augmentation subreptice de la fiscalité : on reconnaît là la méthode Hollande dont Hidalgo n'est qu'un duplicata parisien.
"Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup" disait Aubry au sujet du programme de Hollande lors des primaires socialistes. Décidément, les loups sont entrés dans Paris.