Silver économie

Si vous êtes comme moi, accro à l’actu, vous n’avez pas rater deux nouvelles :

• Les frasques à scooter de notre président auraient fait vendre des casques de motos.

• Un cycliste de 102 ans a couvert près de 30 kms dans l’heure.

Quel rapport ? Eh bien les acheteurs de casques sont, paraît-il, de jeunes seniors qui souhaitent s’approprier la libido présidentielle et notre cycliste est un vieux senior super en forme équipé du dernier matos. Ce sont de bons indicateurs du potentiel de la silver économie à la française.

Car la France veut être numéro un de la silver économie.

Après la question « Comment se faire du blé avec l’économie verte ? », Montebourg tente de répondre à une autre question : « Comment faire de l’argent avec les tempes argentées ? » Puisque la population vieillit, tirons en parti, que diable !

On nous dit qu’il faut s’inspirer du Japon. Là-bas, ils ont un peu d’avance… les supermarchés ont de larges allées, on peut y emprunter des petites voitures, les produits sont placés moins haut, les étiquettes écrites en gros caractères, on y fait des réductions adaptées aux anciens…

Le problème, c’est qu’en vieillissant, on devient sobre. Manque d’appétence pour la nouveauté, libido* en baisse… Nécessité se fait vertu. La femme volage se fait prude, l'homme intrépide se fait prudent. Tout ça n’arrange pas l’économie qui marche mieux avec des jeunes paniers-percés qu’avec des vieux bas-de-laine.  Alors, toutes les astuces sont bonnes pour faire sortir l’argent du porte-monnaie de papy et de mamie.

Les seniors collaborent déjà à la moitié des dépenses de santé, d'alimentation, de loisirs et de l'assurance. Un bon début mais peut mieux faire se dit Arnaud M. N’importe quel Séguéla vous dira que l’important c’est de vendre des produits aux vieux en leur faisant croire qu’ils achètent des produits pour jeunes. Pas si simple...

N'empêche que la filière, qui a son logo, pourrait créer 300.000 emplois non délocalisables, d'ici à 2020. Elle a déjà sa Silver Valley non loin de Paris. On va créer des métiers nouveaux. On va forger des mots pour les métiers de la gérontechnologie, métiers  qui formeront des gérontotechniciens. Comme naguère technicien de surface se portait mieux que balayeur, gérontotechnicien sonnera mieux que aide à domicile ou torcheuse de culs. Des experts ont déjà pignon sur rue et même pignon sur toile.

Des métiers nouveaux, sauf si là comme ailleurs, la machine ne supplante l'homme comme le montre cet enfileur de bas de contention de la société Belovia.

A moins aussi que les anciens ne décident de rester sur leur banc pour bavarder en contemplant la mer. Car les vieux peuvent être contrariants, parfois.

 * libido est un mot latin qui veux dire désir, envie. C'est Freud, cet obsédé sexuel et grand libidineux, qui en a fait vers 1913 le mot du désir érotique.