Selon un sondage étonnant demandé par iTélé et le Parisien et réalisé par BVA, les Français seraient soudainement prêts à entendre les propositions de la CGPME, pourtant qualifiées de « choc » par les journalistes et les sondeurs. Un changement serait-il en train de s’opérer dans les mentalités ? Des idées nouvelles, innovantes et qui pourraient frôler le succès de façon crédible auraient-elles été émises ? Rassurez-vous, tout ceci est très exagéré.
Ainsi, d’après le sondage, deux tiers des Français seraient favorables à une radiation automatique des chômeurs qui refusent plus de deux offres « raisonnables » d’emploi, charge je suppose au législateur de définir ce que raisonnable veut dire, avec les tombereaux de cas complexes et de cris syndicaux qu’on imagine sans mal. Plus piquant encore, 61% souhaiteraient « exclure du régime spécifique des intermittents les techniciens du spectacle, qui pourraient être soumis au droit commun » ; à l’évocation d’une telle proposition, la neige risque bien d’envahir les écrans télés, et nombre de spectacles, films et autres animations cultureuses se verront brutalement arrêtées, à n’en pas douter. Enfin, 59% estiment nécessaire la mise en place d’une dégressivité des allocations à partir d’un an, ce qui provoquera probablement l’une ou l’autre manifestation bloquante dans les rues de Paris et d’ailleurs.
Pas de doute, ces propositions méritent effectivement le qualificatif de « choc » lorsqu’on les replace dans le contexte d’habitude clairet des ajustements que les gouvernements s’emploient à bricoler pour combattre le chômage. Cependant, ces propositions se limitent à la partie « indemnisation du chômage », et visent essentiellement à diminuer le déficit catastrophique de cette couverture collectiviste.
Sur le plan de la lutte contre le chômage, on comprend donc que ces projets ne sont qu’un début. Et si (soyons fous) on voulait vraiment lutter contre le chômage français, il faudrait aller plus loin. Et pour le coup, le terme de « choc » sera probablement un euphémisme.
Ainsi, un des éléments clefs pour toute entreprise dans sa démarche d’emploi est la sécurité fiscale ; un moratoire des taxations, des bidouillages fiscaux et sur la production démente de lois par le monstre de Bercy constituerait une véritable révolution tant l’habitude aura été prise, par tous les gouvernements sur (au moins) les quarante dernières années de « résoudre » des problèmes par la ponte régulière d’une nouvelle loi, d’une nouvelle taxe, d’un nouvel impôt et d’une nouvelle complexification des codes. Garantissez, pendant une période significative (5 ans, par exemple), l’absence totale de loi nouvelle en matière fiscale et vous assurez aux entreprises un environnement stable propice à l’embauche.
Évidemment, la législorrhée actuelle relègue cette proposition au rang de rêve éveillé.
Timidement proposée et de façon indirecte dans le document de la CGPME, la baisse des charges constitue aussi une excellente piste pour inciter les embauches. Pour cela, on peut effectivement coupler cette baisse avec celle des indemnités, éventuellement laissée à l’appréciation du couple employeur / employé. Rassurez-vous : ceci hérisserait suffisamment de politiciens, de syndicalistes et de Français en général pour s’assurer que jamais une telle proposition ne verra la moindre application.
On pourrait aussi se baser sur les expériences des autres pays qui ont constitué des exemples en grandeur réelle de ce qu’il faut faire (ou éviter). Ainsi, la réduction notable du temps de couverture, par exemple en le plafonnant à une année au maximum, a donné des résultats significatifs dans plusieurs pays, dont le Danemark dont j’ai déjà parlé ici. Oui, réduire le temps d’indemnisation réduit le taux de chômage, mais non, ce sera pas mis en place dans le pays parce que c’est à peu près équivalent à croquer du chaton en place publique, c’est assez mal vu.
Cependant, la proposition-choc, celle qui cogne directement dans les parties sensibles, celle qui permettrait d’obtenir un résultat immédiat et qui donnerait réellement un nouveau souffle au pays, celle qui transformerait durablement l’entrepreneuriat français, actuellement acte de torture chinoise masochiste que certains s’impose par naïveté, en réelle opportunité pour créer de la richesse et des emplois sereinement, ce serait la remise à plat complète et définitive du code du travail pour en limiter la portée, l’épaisseur et le détail à un minimum aussi faible que possible, avec à la clef l’abolition du SMIC et du temps maximum de travail.
En général, ici, les politiciens, qui n’ont jamais été équipés ni pour se renseigner vraiment sur ce qui se fait hors de nos frontières, ni pour seulement réfléchir, pètent vigoureusement un câble, suivis très vite par les syndicalistes traditionnels qui, éructant immédiatement quelques jurons gutturaux, accumuleront alors bave aux lèvres et yeux injectés de sang pendant que leurs membres aux muscles brusquement turgescents seront pris de spasmes violents sous l’effet d’une furie colérique indomptable.
Abolir le code du travail ? Sucrer le SMIC ? Faire sauter les limitations de temps de travail ?
Ah je vous avais prévenu : ici, on est dans la proposition-choc, la vraie, celle qui déclenche des petites bouffées meurtrières des organisations syndicales et des politiciens accrochés comme pas deux à leur terreau de chômage et de salariés captifs sans lesquels leur utilité et leur représentativité tombe rapidement à zéro… En réalité, si cette proposition semble à ce point iconoclaste, elle n’en reste pas moins tout à fait crédible et applicable pour obtenir l’effet désiré, à savoir une réduction du chômage.
Ainsi, les observations empiriques montrent que plus un marché du travail est flexible, plus le chômage sera bas et inversement, plus il est contraint, plus le chômage augmente.
Ainsi, on peut noter que bien des pays ont un code du travail bien plus léger que le code français, qui grossit chaque semaine de plusieurs articles là où la plupart des autres n’est que rarement tripoté par le législateur. Le code du travail suisse, par exemple, ne fait que quelques dizaines de pages à comparer aux centaines de pages et milliers d’articles qui compose le notre avec les résultats débilitants, kafkaïens et contre-productifs que nous observons tous les jours. Et qu’on ne vienne pas me dire que la Suisse est le paradis des tortionnaires, des sweat-shops et des esclaves. L’absence de SMIC y est aussi constaté, et tout comme dans d’autres pays (l’Allemagne), cela n’empêche pas le salaire moyen et le revenu moyen d’être supérieur à celui des Français ; et au contraire de ce que peut prétendre les collectivistes en culotte courte qui sévissent en France, ceci n’est pas un hasard.
Mais voilà : comme je le remarque plus haut, ces propositions, qui ont eu des effets notables et positifs au Danemark, qui montrent tous les jours leur efficacité dans les pays nordiques, en Suisse, en Allemagne, tout cela ne résistera jamais à la fureur des syndicats et des politiciens pour lesquels il faudra une autre proposition, celle qui consiste à, d’une part, retirer le politique du contrat de travail, qui ne doit être que le résultat d’une négociation entre adultes consentants (l’employeur et l’employé), sans y ajouter le rôle de l’État dont les 50 dernières années en France ont montré qu’il n’amène que misères et décrépitude. Et d’autre part, il faudra impérativement revoir le rôle des syndicats, dont la représentativité nanoscopique ridicule donne une indication claire de leur rôle dans l’économie.On le comprend : toucher ainsi à plusieurs Graal (le SMIC, le code du travail, le rôle de l’État, le rôle des syndicats) assure de façon certaine que non, les Français ne sont pas favorables à des propositions-choc pour lutter contre le chômage, et que tant qu’ils ne le seront pas, le chômage continuera d’occuper une part importante du paysage économique français, pour leur plus grand malheur.
Pire : comme aucune de ces propositions ne sera jamais mise sur la table, et comme aucune des propositions, plus timorées, de la CGPME ne le seront non plus, la situation de l’emploi en France, déjà très mauvaise, continuera d’empirer.
Indéniablement, ce pays est foutu.
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