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du grand pourrissement de la politique française (sur internet aussi)

Publié le 02 février 2014 par Mister Gdec

6emerepubliquej’ai soutenu autrefois l’idée d’une charte de bonne conduite sur internet qui me plaisait d’autant plus qu’elle m’engageait personnellement et constituait une contrainte, donc un défi.

L’idée a malheureusement fait un bide malgré l’investissement louable et la détermination de Denis. Pour garantir la convivialité des échanges et la bonne tenue du débat entre blogueurs politiques, il ne suffit pas en effet de le proclamer, il y fallait un minimum de consensus entre blogueurs, ce qui n’a manifestement pas été le cas, et pas forcément du côté où on l’aurait attendu …. Les résistances ont en effet été plus nombreuses au Ps, pourtant réputé plus modéré que nous autres, que l’on s’acharne à qualifier d’extrême gauche quand il est bien plus certain que le centre de gravité du PS a bougé vers la droite, et le libéralisme pur et dur. Plusieurs blogueurs de gouvernement ont balayé purement et simplement la proposition pourtant honnête d’un revers de la main, nous abreuvant de surcroît de leurs aussi habituelles que lassantes railleries ou de leur mépris sur le sujet.

Pourtant, nous sommes de plus en plus nombreux à déplorer le manque de possibilités de débattre et de défendre des idées différentes sans se faire aussitôt insulter ou agresser par une bande de trolls idéologiquement aveugles et refusant toute remise en question de leurs dogmes partisans. Ce phénomène participe également  du dégout de la politique et du fait qu’un grand nombre de concitoyens préfèrent s’en désintéresser, ne tenant pas spécialement lorsqu’ils ont des velléités d’engagement à se retrouver sous des feux nourris d’anathèmes plus ou moins élaborés. Tout le monde n’est pas maso… Et je repense à l’émission d’hier soir, et à ce que j’ai ressenti.

Mon billet du jour a encore été l’occasion d’insultes et de harcèlements plus que nourris, comme je m’y attendais. De l’autre côté, cette fois. J’accepte la confrontation, c’est le jeu démocratique, mais pas l’agression sans fonds, gratuite, vide d’arguments, qui me demande d’accepter les seules certitudes de l’autre, sans respecter mes prises de position, et sans possibilité de débat, ce qui m’est pourtant le plus cher. Les attaques ad hominem en question, comme cet idiot qui prétendait sur twitter que j’écrivais cela (prenant à partie DPP également), parce que nous serions jaloux de Mélenchon et que j’étais bien incapable de faire mieux, sont d’un niveau assez consternant. Tout cela a bien vite été envoyé à la trappe, aux oubliettes, et j’ai tiré la chasse…

Aussi, quand j’ai lu cette information grâce à l’ami Michel sur FB, cela ne pouvait que faire écho. Robert Badinter y regrette en effet une dégénérescence du débat politique. On ne peut que le rejoindre… Ce qui n’est pas sans rapport avec ce qui précède, tant nous sommes tous concernés, et responsables de cet état de fait, collectivement, chacun à notre niveau, y compris nous autres, blogueurs.

Robert Badinter, dans l’article cité, s’inquiète tout comme beaucoup d ‘entre nous de la montée d’un mouvement fasciste, au sens strict du terme :

"C’est la première fois depuis la fin de l’Occupation que l’on entend hurler dans les rues de Paris « dehors les Juifs »

"face à une telle provocation fasciste, à ces cris infâmes, j’aurais souhaité des réactions plus vives, des appels d’associations de défense des droits de l’homme et des partis républicains pour organiser une grande manifestation de protestation. Il faut rappeler chaque fois que nécessaire que la République française ne peut pas tolérer ces cris, pas plus qu’elle ne saurait laisser passer des slogans « dehors les musulmans » ou « dehors les Arabes ».

Nous y sommes. Le manque de cadre, de règles inamovibles et incontournables, le refus de l’inacceptable, voilà mon sujet de ce soir. La calomnie, le mensonge, l’agressivité et la violence, allant jusqu’à la haine de l’autre, quelle qu’en soit la raison, sont insupportables. Et ne devrait pas être tolérés.

Aussi, quand on voit des gens comme  notre cher ministre de l’intérieur squatter les plateaux de télé pour prétendre incarner le combat anti-raciste, pour cause d’affaire Dieudonné, on a envie de bondir. Que n’a-t-il été aussi efficace et enclin à défendre d’autres catégories de la population injustement persécutées et humiliées, lui qui s ‘est illustré dans un racisme de rue au quotidien assez affligeant… Et que n’a-t-il plus intimement conscience de ce que la perception de la réalité devrait être un tout, dans lequel la violence économique exercée par les puissances dominantes ne sont pas pour peu dans la montée de ces mouvements de protestation d’extrême-droite et si visiblement réactionnaires qu’ils nous font remonter à l’époque de Pétain,  avec leur fameuse défense des valeurs familiales… Et cela en pure absurdité et décalage avec notre époque, alors que la notion de famille a si considérablement changé.  Leur hostilité ne fait que souligner leur peur de se voir dépasser.

Travail-Famille-Patrie

C’est encore le contexte économique et social, particulièrement dégradé, sans cadres et sans limites morales claires, qui permet comme le souligne Badinter en se référant à une autre période sombre de notre histoire, de voire éclore d’une manière aussi hallucinante des rumeurs si folles et dénuées de fondements :

"Etes-vous étonné par l’ampleur prise par la rumeur sur la théorie du genre ?


ROBERT BADINTER. Plus l’histoire que vous diffusez est incroyable, plus elle a de chance d’être crue.

Goebbels, le grand responsable de la propagande nazie, le disait déjà : tant qu’à mentir, mieux vaut que le mensonge soit énorme, c’est plus crédible. Il n’y a donc rien de nouveau dans ce phénomène. Sauf que les techniques modernes de communication et les réseaux sociaux permettent d’atteindre immédiatement un public considérable. Le péril est là. "

Capture

Ensemble, nous pouvons agir, en étant plus attentifs à la qualité et à la véracité de ce que nous lisons, de ce que nous écrivons, de ce que nous relayons, et à la mesure de nos réactions. Sur twitter, facebook, et les autres réseaux sociaux, sur les blogs, comme c’est le cas dans la rue, au travail, et dans notre environnement quotidien, nous avons une part de responsabilité, et une possibilité d’action nous est offerte. Ne la dédaignons pas. Construisons du débat. Il n’a jamais été aussi important, nécessaire… et urgent.


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