LA FIANCÉE DE L’OUEST
OPERA EN TROIS ACTES
MUSIQUE DE GIACCOMO PUCCINI
LIVRET DE GUELFO CIVININI ET DE CARLO ZANGARINI
EN LANGUE ITALIENNE
Au saloon «La Polka», où les chercheurs d’or viennent tuer le temps, boire un whisky ou évoquer leur famille laissée au pays, tout le monde aime et respecte Minnie , la tenancière. Et notamment, Jack Rance, le shérif qui rêve de l’épouser. Mais Minnie ne partage pas son amour. Celui qu ‘elle aime est un bandit nommé Ramerrez…
LE PLUS
- Pierre-Jean Rémy évoquait la « morbidezza » puccinienne. Si elle est moins présente dans cette 3ème œuvre que dans les chefs-d’œuvre du maître de Luca, elle est toutefois affleurante dans La Fiancée de l’Ouest, par exemple dans la scène du poker où une basse « jazzy » laisse sourdre des cuivres exaltés ou, plus généralement, dans l’atmosphère impressionniste qui court pendant toute la durée de l’œuvre (au moment où il compose, Puccini vient juste de découvrir Pelléas de Debussy et l’œuvre en est comme imprégnée).
Au moment où il compose, après la période des grands succès Puccini vit une affaire personnelle sordide (sa femme, jalouse, est accusée d’avoir poussé au suicide une domestique), il se remet en question ce qui donne à cette pièce étrange, un côté presque expérimental, en fait en tout cas une curiosité à ne pas manquer.
- C’est tout de même du Puccini même si l’œuvre ne contient pas de « tubes » ou d’airs aussi fredonnables que dans les œuvres précédentes et Minnie (« l’héroïne ») vaut bien Mimi de la Bohème, surtout quand elle est interprétée par la grande Elizabeth Stemme (une soprano suédoise) qui nous avait enchanté dans le rôle d’Elizabeth de Tannhäuser .
LE MOINS
- une mise en scène anti-américaine primaire qui mélange sans nécessité l’ère des pionniers (ces chercheurs d’or si bien décrits par Cendrars) et la vulgarité clinquante des gamblers de Las Vegas ou des golden boys de Wall Street… qui fait de Minnie une star de La Metro Goldwyn Mayer…Certes les américains du Met (où l’œuvre a été créée en 1910) ont demandé une fin heureuse pour cette bluette sentimentale ,avec rédemption en bonne et due forme du méchant mais tout de même …Que de clichés !
- une chorégraphie, paraît-il, qui met à contribution les chœurs de Patrick-Marie Aubert (une bande de cowboys qui pointent leur révolver à bout de bras en permanence (à la limite du ridicule).
- une direction musicale qui manque un peu de puissance et de nervosité malgré la qualité des solistes (notamment le superbe baryton italien qui incarne Jack Rance et la bonne prestation du ténor Marco Berti dans le rôle de Dick Johnson).
EN BREF
La fiancée de L’Ouest c’est Johnny Guitar version opéra !
Une œuvre mineure d’un grand compositeur qui mérite d’être entendue (même si elle a été huée par une partie du public lors de la première) car elle reste une curiosité et est très rarement donnée sur les scènes internationales.
RECOMMANDATION
Contemporain du premier cowboy de cinéma Tom Mix et du premier western, le Great train Robbery, Puccini avait lors d'un voyage à New York pressenti l'incroyable développement du pays et fut un des premiers à être joué au Met.
Sur le plan de l'oeuvre les amoureux retrouveront dans certains passages les qualités du compositeur et apprécieront ses audaces. Ils aimeront aussi ces adaptations du folklore américain qui donnent à ce « western hippique », l’oxygène des grandes chevauchées …
COORDONNEES
OPÉRA Bastille jusqu’au 28 FÉVRIER
- Direction musicale CARLO RIZZI
- Mise en scène NIKOLAUS LEHNHOFF
- Avec Nina Stemm(Minnie)
- Claudio Sgura(Jack Rance)
- Marco Berti ((Dick Johnson)
- Roman Sadnik (Nick)
- Andrea Mastroni(Asby)
- André Heyboer(Sonora)
(à paraître sur Cutures TOPS)