Exposé de Marc Ledoux à Elne, le vendredi 10 Janvier 2014 : La mélancolie

Publié le 02 février 2014 par Balatmichel

Elne, le vendredi 10 Janvier 2014

La mélancolie Exposé de Marc Ledoux

Je vais faire ce soir une traversée sur la mélancolie. Ce sera impossible d'arriver à la manière de Maldiney… à qui j'aimerais faire un hommage. Il vient de mourir. 102 ans. Mais ce sera trop compliqué je crois pour traverser et arriver à la manière dont Maldiney a essayé d'approcher au plus proche la mélancolie, surtout à travers Binswanger. Je ne sais pas si on aura le temps… on verra…

…. La première partie de l'exposé du vendredi soir n'a pas pu être transcrite…

Allez, on fait Freud. Si vous pouvez vous concentrer encore un petit peu, sur Freud. Dans quel contexte a-t-il écrit Deuil et mélancolie ? Dans Totem et Tabou, on avait vu quand on avait étudié la phobie, le problème de la mort et en particulier la mort du père constitue le matériau psychique et il découvre dans l'anthropologie l'identification totémique et cela va lui offrir une élaboration idéale. Il dit que le problème de la mort du père est un problème car il y a là une collusion de la mort et du désir. Seulement là, se demande t-il ? Non, et tout de suite, la possibilité de tomber malade par cette sorte de collusion entre le désir et la mort trouve aussi des témoignages dans le chagrin pathologique, dans la nostalgie des névrosés comme l'homme aux rats ou dans la nostalgie des paranoïaques comme Schreber. Schreber est un homme nostalgique. Et dans le système des élaborations morbides de la mort, de la perte, comme sont la phobie, l'obsession, la paranoïa, il manque une pièce clinique très importante, la mélancolie. Donc, il passe de la mort du père à la mort de l'objet d'amour en général et en particulier, de la perte et de la mort du premier objet : le sein de la mère. Centré sur la perte de l'objet, cette réflexion sur la collusion entre le désir et la mort s'écrit dans quelques œuvres, dont Deuil et mélancolie est le noyau et on doit, je pense, le lire avec Métapsychologie, son texte sur l'inconscient et surtout le complément métapsychologie de la théorie du rêve. Donc des textes écrits entre 14 et 18. Ça, c'est le contexte.

Quel est le sort de l'objet perdu ?

C'est à Abraham que Freud doit le point de départ de Deuil et mélancolie. Abraham était le premier à essayer de donner une méthodologie de la clinique de la structure maniacodépressive et des états voisins. Ses états voisins étaient pour Abraham, l'état de deuil et l'état de dépression de la névrose obsessionnelle. Pour nous qui sommes intéressés dans l'anthropopsychiatrie, comment situer les maladies en rapport les unes avec les autres, Abraham est important quand il essaye de faire un rapport entre la dépression, la névrose obsessionnelle, le deuil et cette maladie cyclique, la structure maniaco-dépressive. Freud aussi ! Et donc, Abraham écrit son texte en 1912, Freud écrit Deuil et Mélancolie en 1915 et Abraham reprend ensuite ses premières investigations avec les apports de Freud dans son texte superbe de 1924 : les états maniaco-dépressifs et les états prégénitals de l'organisation de la libido qui va connaître une suite chez Mélanie Klein : le deuil et ses rapports avec les états maniacodépressifs.

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