La magie noire est un phénomène complexe qui occupe une place importante dans les pays en développement. Bien que présente autant dans tous les pays du monde, c’est surtout au Sud – en Afrique Subsaharienne notamment – qu’elle est le plus pratiquée.
Un phénomène planétaire
Longtemps considérée comme un tabou qui était discuté entre initiés – la plupart du temps des personnes âgées vivant dans les villages – la sorcellerie est aujourd’hui banalisée en Afrique Sub Saharienne. On la trouve dans beaucoup de pays du Sud : on l’appelle vaudou en Afrique de l’Ouest et dans les pays qui ont accueillis les anciens esclaves, Santeria à Cuba, au Vénézuela et en Colombie, Gnawa en Afrique du Nord. Les bantous d’Afrique centrale l’appellent tout simplement sorcellerie.
La sorcellerie comme moyen de préserver les traditions
Au départ, certaines pratiques étaient reliées au savoir ancestral et était utilisées pour faire le bien. Traditionnellement on avait recours à la magie pour exprimer des besoins différents :
- préserver des traditions ancestrales Ex: le culte des ancêtres
- se protéger contre les forces maléfiques
- demander conseil aux plus sages
- se guérir de maux physiques et mentaux
La sorcellerie moderne
Nos jours, les féticheurs – magiciens – sont surtout consultés pour des problèmes d’argent, pour trouver (ou garder) l’amour ou pour accéder au pouvoir, souvent au dépend de quelqu’un ou de quelque chose qu’on doit donner en sacrifice. Qu’on y croit ou pas, on ne peut pas nier le fait que la magie noire est omniprésente dans la société africaine. Ils sont nombreux ceux qui consultent les marabouts et il ne se passe pas une semaine sans que les journaux locaux exposent des histoires des plus sordides.
Le business de la sorcellerie
À qui profite ce business? Aux marabouts c’est sûr! Ils se font un argent fou sur des élixirs d’amour, des tisanes pour guérir le SIDA, des décoctions pour tuer ses ennemis et j’en passe. Ce sont de fins marketers qui sont capables de vous vendre du pipi de chat à 5000F FCA (environ 110$). D’ailleurs, le marché des fétiches de Lomé a été créé pour faire face à une demande croissante de ces services. Dommage que la pauvreté n’ait pas d’argent, sinon, ces guérisseurs pourraient nous aider à régler les problèmes économiques en Afrique.
Marché des fétiches, Lomé, Togo source: http://www.tripteaser.fr
Quand bien même ces pratiques profiteraient aux personnes qui sollicitent les services de marabouts, il est clair que le bien être collectif est fortement affecté. En effet, la sorcellerie a des conséquences sociales importantes :
- Beaucoup de ces sorciers contribuent à la perpétuations de croyances populaires telles que le pouvoir des albinos et des jumeaux qui entraine une stigmatisation de ces derniers. Je vous recommande d’ailleurs ce documentaire de France 5 Albinos d’Afrique, meurtres et sorcellerie.
- Paradoxalement, les africains sont les premiers à pourchasser les personnes qui sont soupçonnées de sorcellerie. Bien souvent, les présumés sorciers sont livrés à la justice populaire ou incarcérés dans de terribles conditions. Comme si la sorcellerie faisait partie d’une zone dans laquelle les droits de l’homme n’ont pas leur place.
- Enfin, la sorcellerie est utilisée pour rationaliser ce qu’on ne comprend pas et nous plonge dans l’ignorance qui nous empêche de se concentrer sur les frais problèmes. Au Cameroun, les relations homosexuelles sont considérés comme des rites sataniques. Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui se mobilisent pour lyncher des personnes soupçonnées de sorcellerie mais ont du mal à s’organiser pour mener à bien des projets qui contribuent au bien être social.
Pensez-vous que les pratiques de la sorcellerie puissent avoir un impact significatif sur les indicateurs de performance économique d’un pays?