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Sade, ou le littérateur pornographe

Par Thibault Malfoy
Certains livres sont lus pour de mauvaises raisons (les extralittéraires), ce qui sauve parfois leur auteur de l’anonymat, où leur absence de talent (je ne parle même pas de génie) les aurait sinon confinés.

Ainsi Sade, marquis, littérateur et pornographe. Sa philosophie de boudoir libertin tient plus de la logorrhée puérile d’un agitateur priapique que d’une œuvre littéraire écrite : aucune image mais beaucoup de clichés, aucune pensée mais beaucoup de provocations gratuites, pour choquer les bonnes mœurs. Et quel bavardage ! quelle admiration pour sa propre subversion !

Il n’y a rien de plus conformiste que la subversion, toute rébellion tendant à se muer en ce qu’elle combattait : un système. L’esprit sadien n’est qu’une combinatoire de toutes les possibilités de plaisir offertes par le corps humain, une combinatoire purement mécanique, toute desséchée, sans aucune sensualité ni créativité. La sensualité est à la sexualité ce que l’érotisme est à la pornographie : une étincelle d’art dans un peu de vie. Le sexe est ici réduit au simple rôle d’arme transgressive : il devient d’un ennui !

Et quand les plaisirs indolores sont épuisés, ou plutôt quand ils l'ont épuisé, Sade a recourt à la cruauté pour divertir son indifférence : la puérilité est le premier masque des monstres.

Pourtant, La philosophie dans le boudoir vaut d’être lue à voix haute, pour rire entre amis de ce ridicule marquis (et c'est encore trop le flatter).


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