Ainsi Sade, marquis, littérateur et pornographe. Sa philosophie de boudoir libertin tient plus de la logorrhée puérile d’un agitateur priapique que d’une œuvre littéraire écrite : aucune image mais beaucoup de clichés, aucune pensée mais beaucoup de provocations gratuites, pour choquer les bonnes mœurs. Et quel bavardage ! quelle admiration pour sa propre subversion !
Il n’y a rien de plus conformiste que la subversion, toute rébellion tendant à se muer en ce qu’elle combattait : un système. L’esprit sadien n’est qu’une combinatoire de toutes les possibilités de plaisir offertes par le corps humain, une combinatoire purement mécanique, toute desséchée, sans aucune sensualité ni créativité. La sensualité est à la sexualité ce que l’érotisme est à la pornographie : une étincelle d’art dans un peu de vie. Le sexe est ici réduit au simple rôle d’arme transgressive : il devient d’un ennui !
Et quand les plaisirs indolores sont épuisés, ou plutôt quand ils l'ont épuisé, Sade a recourt à la cruauté pour divertir son indifférence : la puérilité est le premier masque des monstres.
Pourtant, La philosophie dans le boudoir vaut d’être lue à voix haute, pour rire entre amis de ce ridicule marquis (et c'est encore trop le flatter).