Magazine Cinéma

Anna karenine - 5/10

Par Aelezig

Z13

Un film de Joe Wright (2012 - UK) avec Keira Knightley, Aaron Taylor-Johnson, Jude Law, Kelly McDonald, Matthew McFadyen, Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Olivia Williams, Emily Watson

Trop audacieux, au détriment du romantisme de l'oeuvre.

L'histoire : Russie, 1874. Anna Karénine quitte quelque temps son mari et son fils pour rejoindre son frère à Moscou, en plein psychodrame : sa femme vient d'apprendre qu'il la trompait. Anna se fait fort de réconcilier les époux. Lors d'un bal, elle rencontre un officier, Alexis Vronski, et ils tombent éperdument amoureux... Anna rentre à Saint-Petersbourg, Vronski la suit. Elle tente de résister, puis se soumet à la passion dévorante qui l'emporte, choquant toute l'aristocratie et blessant profondément son mari...

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Mon avis : Mise en scène très surprenante de la part de Joe Wright qui nous avait habitués, avec son actrice fétiche, à des oeuvres plutôt académiques (Orgueil et préjugés, Reviens-moi...), avec de belles images teintées de romantisme. Mais n'est pas Baz Luhrman qui veut. Si l'approche artistique est assez éblouissante, c'est au détriment total de l'oeuvre de Tolstoï, de cette magnifique histoire de passion, de vie, de mort, un des plus beaux romans de la littérature russe, que j'ai lu et relu, pour ma part, des dizaines de fois. Aucun metteur en scène pour le moment n'en a restitué le souffle... ni le message politique qui semble échapper à tout le monde.

Revenons donc au seul attrait du film : la mise en scène, tout à fait inattendue (bien que j'en avais entendu parler dans la presse, évidemment). On nous disait : c'est filmé comme si c'était une pièce de théâtre. Pas exactement. Car la caméra se balade partout, sur scène, en coulisses, en haut, en bas, et quelquefois les portes s'ouvrent même sur l'extérieur. On notera d'impressionnants plans séquence... je suis toujours admirative et envoûtée par cette technique ! Décors peints, pas très réalistes, c'est un parti pris, et c'est bien fait. Des scènes souvent quasi chorégraphiées, des figurants qui se figent tandis que les acteurs principaux continuent eux de bouger, des raccourcis dans l'action (on commence un mouvement, on se retrouve ailleur à faire autre chose), des maquettes (le train qui file sur la "neige"), des meubles, costumes et accessoires frisant parfois le surréalisme... C'est vraiment très original et audacieux, et ça foisonne de trouvailles et d'invention ! Pendant la première moitié, j'ai été subjuguée. Mais après, je me suis dit "Mais au fait... Anna, dans tout ça ?" Et bien Anna, on arrive à l'oublier... et c'est quand même un comble ! Toutes les merveilleuses descriptions des débuts de l'amour, de la passion, de ses tourments, le caractère passionné mais tourmenté d'Anna, mais aussi la description très fine de la société russe du XIXe, tout ça passe à la trappe...

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Il en est de même pour ce pauvre Lévine ! Dans le roman, le couple qu'il forme avec Kitty est merveilleux. Et il y est aussi important que celui d'Anna et Vronski, afin de comparer deux visions de la vie des personnages de ce temps-là, et au-delà, les deux aspects d'une société divisée qui va bientôt basculer dans la révolution. Parce que, de chaque côté, frémit un désir de liberté... Anna et Vronski évoluent dans les milieux aisés et citadins de la bourgeoisie ; ils sont cependant étouffés par les convenances et les principes, malgré leur lutte pour une certaine liberté, celle d'aimer. Anna est tout à fait anticonformiste ; une femme qui dit à son mari qu'elle a un amant et qu'elle veut aller vivre avec lui, à cette époque... faut le faire ! De son côté, Lévine, le propriétaire terrien, veut lui aussi briser les carcans ; il aide ses paysans, il mouille la chemise, il prône l'égalité, il s'intéresse aux théories qui commencent à circuler sur une autre façon de gérer les terres et les hommes : le socialisme, opposé au capitalisme. Lui et Kitty sont dans la douceur et le fusionnel. Anna et Vronski dans la folie des sens, celle qui brûle mais finit par s'éteindre.

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Rien de tout ça dans le film... Joe Wright passe complètement à côté de ce merveilleux roman. Et l'émotion est totalement absorbée par le délire artistique de Wright. Une si belle histoire... quel gâchis.

Les acteurs font ce qu'ils peuvent. Keira est agaçante, comme d'hab, elle surjoue ; Taylor-Johnson est bizarre... ce blond pas naturel du tout, ça casse le mythe... Par contre, Jude Law, méconnaissable, raide, enfermé dans ses principes et son chagrin est remarquable.

Mais, malgré Jude, et cette somptueuse mise en scène... 2 heures... c'est longuet.

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A noter la pub Chanel un peu lourde (on sait que Keira est l'une des égéries de la marque, et Joe Wright a tourné un spot pour eux) : Knightley porte à un moment un collier Chanel très reconnaissable... (euh, par les initiés, c'est vrai, je l'avoue).

Mise en scène : 10/10 - Histoire : 0/10 - Moyenne : 5/10


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