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Du 5 au 28 février 2014
Vernissage le 5 février 2014 à 18h30
José Nicolas vit à Aix-en-Provence. Depuis 1980 il exerce son métier de reporter photographe, initialement pour un quotidien régional puis pour diverses organisations humanitaires. Pendant 15 ans au sein de l’équipe de Sipa Press, José Nicolas couvre de nombreux conflits : Bosnie, Tchad, Liban, Afghanistan, guerre Iran/Irak, Somalie, Rwanda, Roumanie… Pour la Fontaine Obscure, il présente une sélection d’images issues des plus grands conflits de sa génération.
« voir et donner à voir »
Un reporter photographe n’est pas un historien. Il ne le revendique pas, même si les documents qu’il réalise feront partie, nécessairement, de l’Histoire. La photo peut pourtant mentir, trahir, tromper. Staline et Hitler – d’autres encore – en ont usé bien avant qu’un logiciel – photoshop – ne permette à des ados impubères de jouer avec le réel. Justement, quelle est vraiment la réalité de l’Histoire? Ce millième de seconde qui dit une ou mille choses à la fois, cet étrange rencontre née d’un hasard que «jamais un coup de dé n’abolira», cette intuition qui trempe sa certitude au plus profond des entrailles de «l’historien de l’instant», le photojournaliste? Aucune réponse tangible. Une certitude cependant. Aller voir et donner à voir. Peut-être même à comprendre. La seule voie à suivre pour cet homme étrange, vulnérable, visible, qui avec son étrange boîte prolonge son oeil pour fi xer un peu plus que les autres. Ils sont des dizaines à avoir massacré leur dos et exposé leur vie pour rapporter ce précieux rectangle de papier glacé qui dira plus que cent, mille, dix mille lignes. Avant de trouver un angle, une lumière, une scène, le reporter photographe cherche une histoire à écrire dont il n’a pas la moindre idée. L’image lui dictera sa loi. Belle, surprenante, atroce, insupportable. Il sentira, au moment où il déclenche le tir pacifi que de son appareil, qu’une lueur s’est installée là dans le cercle intime où son oeil est collé. Le reporter sait qu’il a, ou qu’il n’a pas, «la bonne plaque». Celle qui dira des choses, prendra la parole, révèlera l’indicible. Son oeil sera foudroyé par un regard, un mouvement, un paysage. La photographie arrête le temps pour qu’on l’ausculte, le jauge, l’apprécie. On dit qu’une photo réussie n’a pas besoin d’une légende. Théophile Gautier n’interdisait-il pas quant à lui que l’on dépose de la musique au pied de ses vers? José Nicolas a tout simplement accepté que l’on pose un instant nos pieds dans ses traces. Elles conduisent partout. Merci de ce voyage au bout des mondes.
Hervé Nedelec
Du mardi au vendredi de 14h à 18h et le samedi de 10h à 12h