L'Alysson des Pyrénées, Corbeille d'argent des Pyrénées ou Alysse des Pyrénées, - au nom savant d'Hormathophylla pyrenaica, Alyssum pyrenaicum ou Ptilotrichum pyrenaicum-, est une Plante endémique, de la famille des Brassicacées, - anciennement nommée des Crucifères -, aux feuilles elliptiques-oblongues, ovales à lancéolées, épaisses et à la floraison en racèmes(1) terminaux corymbiformes blancs, du Massif du Coronat et ses trois réserves naturelles, Jujols, Nohèdes et Conat. Elle pousse à flanc de falaise et dans les rocailles, les fissures et les replats, à des altitudes comprises entre 1.500 et 1.850 mètres
Cette espèce vivace, pubescente, suffrutescente et buissonnante, non épineuse, couverte de poils étoilés, de 5 à 20 centimètres de haut, certains spécimens atteignant une hauteur de 50 centimètres, à rameaux tortueux portant les cicatrices des anciennes feuilles, des fleurs blanches à quatre pétales plus grands que les sépales, orbiculaires et contractés en onglet, et des silicules rhomboïdales et comprimées, a, pour particularité, de n'être connue, au monde, que dans la Réserve de Nohèdes, plus précisément, sur le territoire de la commune de Nohèdes où plusieurs populations existent sur le flanc nord du Massif du Coronat, à la Font de Comps et au rocher « Le Soler ».
Anecdotiquement, en 1993, les confondant avec l’Alysson de Lapeyrouse - Hormatophylla lapeyrousiana -, endémique de la moitié orientale de la péninsule Ibérique et remontant en quelques localités en Roussillon, reprenant des données émises par Roumeguère, en 1872 et en 1873, Bernard et Gavazzi, en 1993, en déterminent une présence en Catalogne espagnole. En outre, se laissant abuser par un toponyme, - confusion avec le rocher « Le Soler » au-dessus de la Font de Comps, sur le territoire de la commune de Nohèdes -, ces deux auteurs en citent une « population » sur la commune de Le Soler, dans la plaine roussillonnaise.
L’espèce, Alysson des Pyrénées, se répartit, sur la commune de Nohèdes, en une dizaine d'habitats comprenant chacune, en moyenne, une population d'une centaine d’individus, relativement épars, occupant les sites, fissures et replats entre les blocs, à l’ombre, sur des parois calcaires verticales exposées au Nord., favorables à leur développement. Quelques rares pieds sont exposés au soleil et certains, en concurrence avec l’épaississement de la végétation herbacée et sous la menacé de la progression de la pinède de Pin à crochets, sont installés au pied des escarpements rocheux. Enfin, quelques individus poussent dans de petit abri sous roche, ombragé humides, où les plantes s’y développent dans trop de souffrance.
L'habitat de l'endémique et rarissime, puisque très localisé, Alysson des Pyrénées se confine dans des fissures contenant des fragmentations graveleuses et fines des calcaires dévoniens et des particules de matières organiques, et renferme plusieurs autres espèces endémiques pyrénéennes telles, entre autres, l'Ancolie visqueuse hirsutissime, - Aquilegia viscosa hirsutissima ou Aquilegio-Alyssetum pyrenaici -, la Campanule à belles fleurs, - Campanula speciosa -, l'Épervière humble, - Hieracium humile -, le Saxifrage moyenne, - Saxifragetum mediae -, l'Aspérule hérissée et Dethawie à feuilles fines, - Asperulo hirtae-Dethawietum tenuifoliae -, le Chèvrefeuille des Pyrénées, - Lonicera pyrenaica -, et le Nerprun nain, - Rhamnus pumila -
Mais cet habitat, l'éboulement des seuls rochers constituant son biotope pouvant le faire disparaître, peut être considéré comme menacé. En outre, la base des sites, accessible aux collecteurs peu scrupuleux attirés par la rareté des touffes chaméphytiques de la Corbeille d'argent des Pyrénées, n'est pas à l'abri de dégradations du milieu et de cueillettes frauduleuses de ce taxon qui, suivant les propos tenus par certains botanistes, a, probablement, été découvert dès 1795, des cueillettes frauduleuses qui ont failli mettre en péril la présence de l’espèce dans le seul lieu où elle était connue, jusqu’à une date récente, sur les rochers inaccessibles « du Soler » au lieu-dit « la Font de Comps. »
Au XIX° Siècle, sa cueillette, comme en témoigne un courrier du botaniste Barréra, en date du 10 Juillet 1811, adressé à son confrère Lapeyrouse, « Il a fallu le zèle et le désir de vous être utile pour que l'infatigable pharmacien Coder allât sur le lieu, avec un paysan chargé de deux perches qu’ils ont bien attachées afin d’atteindre à l’inaccessible rocher et avoir quelques pieds de cette belle plante », était déjà difficile. En 1861, les botanistes Roumeguere et Campanyo n'en observent plus que « trois ou quatre sujets qui vivent dans les fissures de ce grand rocher, pendant sur des abîmes et hors de la portée de la main rapace de l’homme. » Et en Juin 1872, dans le cadre d'une réunion de la Société Botanique de France qui se tient à Prades et à Mont-Louis, « Les plus intrépides... en découvraient un petit pied en fruits... »
Face aux demandes croissantes et inconsidérées des botanistes du XIX° Siècle et de la première moitié du XX° Siècle, les guides locaux, armés de perches et même de fusils, ramassent toutes les plantes disponibles qui se ressèment au pied du rocher et les leur vendent. En toute chose, toujours attirés par la rareté de l'Alysson des Pyrénées, d'après des constats établis en 1966, en 1980, en 1985 et en 1994, la cueillette frauduleuse de l'une des plantes les plus rares de France et d'Europe, - la croissance de ce petit arbrisseau étant de seulement quelques millimètres par an -, rareté reconnue par sa protection intégrale par les lois française et européenne, majoritairement commanditée par des botanistes, ne cesse toujours pas. Heureusement, les plants les plus inaccessibles échappent à cette frénésie
© 2012 Raymond Matabosch
Notes :
(1) Racèmes : grappes ou inflorescence composée de fleurs rattachées sur un axe allongé.